spain coupe

Chère lectrice, cher lecteur,

Chez nous, les sapins de Noël sont à usage unique.

Nous sommes 90% à acheter des sapins coupés [1] , qui vont perdre leurs aiguilles et mourir à petit feu dans nos salons.

Alors que le sapin est un arbre, qui peut vivre ! Bien après qu’on l’a décoré !

Si vous le laissez paisiblement pousser en pot, en gardant ses racines intactes, en lui laissant sa sève, son sol, ses nutriments…

Alors c’est presque magique : votre sapin vit, et continue à vivre plusieurs Noëls d’affilée. 

Mon sapin est éternel (ou presque ?)

Dans les 10% de Français qui « pratiquent » le sapin en pot, il y a mes parents 🙂

Tous les ans, ils redécorent le même sapin en pot qu’ils ont laissé tranquillement grandir au milieu des autres arbres depuis le Noël précédent.

Ce sapin fait presque partie de la famille, comme un vieil oncle éloigné qu’on revoit tous les ans, à Noël.

Et c’est devenu un rituel : mi-décembre, on le rentre, fin décembre : on le sort !

Le reste de l’année, il est dehors, au frais, un peu éloigné de la chaleur de la maison.

Il grandit paisiblement.

Une année dans la peau de mon sapin

En fait, ce n’est pas si compliqué de faire vivre un sapin en pot…

Voilà comment vous en sortir.

1.    Juste avant les fêtes : rester loin, très loin des chauffages

Radiateur, cheminée… Tout doit être gardé loin de votre sapin. Il n’aime pas l’air sec, et la chaleur.

Le mieux est de ne pas surchauffer « sa » pièce, à 18-19°C il sera très heureux.

2.    Pendant les fêtes : mettez-le à l’aise

Une seule clé : plein d’eau ! Si vous le pouvez (attention aux guirlandes électriques), vaporisez ses aguilles un peu chaque jour. Ça lui rend l’humidité dont il profitait dans la forêt.

Arrosez-le une fois par semaine, généreusement mais sans laisser d’eau stagner dans la soucoupe.

Optez plutôt pour des ampoules LED qui ne dégagent que très peu de chaleur et risqueront moins d’abîmer ses aiguilles.

3.    Après les fêtes : laissez-lui le temps de s’adapter

Nous sommes début janvier, votre sapin vient de passer 1 mois dans l’atmosphère chaleureuse d’une maison : ne brusquez pas son grand retour dans la nature. 

Organisez une semaine d’adaptation progressive au froid de l’extérieur. Si vous avez une véranda, ou un petit abri, un espace protégé du vent pour les 5 premiers jours, c’est le mieux.

Puis mettez-le dans un endroit à la mi- ombre dans votre jardin pendant quelques semaines.

Ensuite, pour la fin de l’hiver, installez-le au soleil.

4.    Au printemps : un petit rempotage, et ça repart

Ensuite au printemps il faut le rempoter. Mélangez de la bonne terre de jardin ou du terreau avec un peu de terre de compost pour cela.

Arrosez très généreusement votre pot, jusqu’à ce que la terre soit suffisamment imbibée pour pouvoir sortir l’arbre du pot sans effort.

Faites attention à ne pas endommager les racines avec une bêche, allez-y directement à la main, en secouant délicatement les racines pour secouer la terre qui y reste accrochée.

Choisissez un pot en terre cuite (évitez le plastique à tout prix) et voyez large pour la taille : il doit représenter un 1/3 du volume de votre sapin, à peu près 70 cm de haut et de large.

5.    En été : laissez-lui un petit moment détente à l’ombre

Dès que les températures montent, abritez votre sapin à l’ombre d’autres arbres. Et arrosez-le dès que vous pouvez !

Quelle espèce résiste le mieux ?

Ces deux espèces sont les plus courantes en jardinerie :

•    Le sapin de Nordmann (Abies nordmanniana) est celui qui se vend le mieux en France. Ses branches sont robustes, et ses aiguilles plus brillantes, nettement moins tombantes que celles de son concurrent : l’épicéa.
Petit inconvénient : il coûte assez cher à l’achat.

•    L’épicéa (Pices abies) dégage une belle odeur de résine, très puissante. Son port est très beau mais il perd très rapidement ses aguilles. Sa sève est aussi plus collante.
Son prix est très abordable.

Mais c’est vrai que ce ne sont pas celles qui résistent le mieux à la chaleur. Faites attention à bien suivre tous mes conseils pour empêcher que les sapins ne meurent.

Si vous avez peur de « perdre » votre sapin, vous pouvez toujours opter pour des conifères subtropicaux, des « faux sapins » capable de vivre en permanence à l’intérieur. Comme le sapin du Norfolk (Araucaria heterophylla), ou le cyprès de Monterey (Cupressus macrocarpa).

Il vous suffira de laisser vivre ce « faux sapin », toute l’année si vous le voulez, dans votre salon.

Laissez-le mourir aussi

A la différence des sapins en plastique, le sapin naturel est sensible et faillible. Comme tous les êtres vivants, il vit puis… meurt.

Au bout de 4-5 ans donc, il se peut, notamment si vous avez choisi un plant un peu fragile, ou un peu délicat, qu’il commence à brunir, à fatiguer…

Dans ce cas laissez-le retourner à la forêt d’où il vient.

Son cycle de vie aura été BEAUCOUP PLUS LONG que celui des ventes de Noël.

5 ans, même si c’est court, c’est quand même bien mieux que 5 semaines !

Et il y en a qui tiennent 10 ou 15 ans !

Si certains d’entre vous « réutilisent » leurs sapins naturels d’année en année, je serais heureuse de connaître leurs trucs et astuces, pour les faire durer le plus longtemps possible.

Vous pouvez me laisser un commentaire sous cet article.

A très vite,

Mathilde Combes

Sources :

[1] « Le sapin de Noël… Toute une histoire ! » [archive], sur agriculture.gouv.fr, 3 décembre 2019 (consulté le 17 septembre 2020)