
Quand j’étais petite, nous avions un rituel pendant les vacances de la Toussaint : ramasser les noix.
La voisine de ma grand-mère avait une dizaine de noyers dans son jardin et était ravie d’avoir des bras supplémentaires pour l’aider à récolter.
Chacun de nous avait son petit panier qu’il remplissait consciencieusement… même si on ne résistait pas longtemps à l’envie de croquer dans une noix fraîche, encore tendre et laiteuse 😋
Une fois les paniers pleins, nous étalions les noix sur des clayettes dans le garage, où elles séchaient pendant plusieurs semaines.
Tout l’hiver, elles nous régalaient : dans les salades, en encas, ou dans une tarte aux noix (mon péché mignon !) !
Le week-end dernier, j’ai goûté mes premières noix de l’année, et cela m’a donné envie d’en savoir plus sur ce petit fruit rustique…

Le “Gland de Jupiter”
Son nom botanique, Juglans, est la contraction directe du latin Jovis glans, qui signifie littéralement le « Gland de Jupiter ».
Pour les Romains, le mot « gland » (glans) désignait les fruits à coque.
Le gland du chêne, par exemple, était une nourriture commune, presque banale.
Mais la noix, c’était une tout autre histoire !
Bien plus riche, plus savoureuse et parfaitement protégée, elle était vue comme un aliment supérieur, un don des dieux.
Et aux yeux de certains, elle dépassait même le simple statut d’aliment…
Le secret de Léonard de Vinci
Saviez-vous que l’huile de noix n’était pas qu’un délice pour les salades ?
Les grands maîtres de la Renaissance, dont Léonard de Vinci, l’utilisaient aussi… pour peindre.
Contrairement à l’huile de lin, l’huile de noix sèche plus lentement et jaunit à peine avec le temps : un atout précieux pour préserver la lumière des couleurs.[1]
Et ce n’était pas la seule partie de la noix que les artistes utilisaient !
L’encre des artistes
Si le fruit donnait l’huile, son enveloppe verte et charnue (celle qui tache les doigts d’un brun indélébile !) donnait le fameux brou de noix, un colorant naturel obtenu à partir de l’écorce de la noix.

Pendant des siècles, avant les teintures chimiques, il a été la teinture la plus utilisée en ébénisterie pour donner au bois une magnifique patine chaude.
Mais il a aussi servi d’encre de dessin !
Des maîtres comme Rembrandt l’appréciaient pour ses superbes nuances sépia.

Étude au brou de noix d’un groupe de malades (ca. 1645-1649, Kupferstichkabinett Berlin)
L’arbre qui fait le vide
Avez-vous déjà remarqué qu’il est très difficile de faire pousser quoi que ce soit au pied d’un noyer ?
Ce n’est pas un hasard.
Le noyer est un stratège : il mène une véritable « guerre chimique ».
Il libère par ses racines, ses feuilles et son brou une toxine appelée la juglone.
Cette substance agit comme un puissant herbicide naturel (on parle d’allélopathie) : elle empêche la germination et la croissance des plantes concurrentes.
C’est la façon qu’a le noyer de garder la lumière et les nutriments pour lui tout seul !
Connaissiez-vous ces anecdotes ? Et vous, avez-vous des souvenirs, des anecdotes ou des recettes autour de la noix à partager ?
Vous pouvez me laisser un commentaire 😊

Il me semble que dans le Poitou on dit qu il ne faut pas faire la dieste sous un noyer. L ombre en est si dense su on peut attraper la.mort… oû est ce à cause de la juglone alors???
Un petit bonheur le matin à lire toutes ces anecdotes partagées…merci encore
C’est magnifique et très instructif ! Dans tous les cas ça ravive bien des choses que l’on sait mais qui s’oublient, toutes ces anecdotes et histoires doivent être répétées pour en parler et les retransmettre.
Et moi qui pensais tout connaître de la noix, vous avez encore réussi à m’en apprendre davantage et je vous en remercie. Bravo Mathilde pour votre inspiration qui nous tient en haleine quotidiennement !
J’ai beaucoup aimé cette information dur les noix.
Bonjour, les noix c’est très bon mais fait grossir cordialement