Dans nos forêts pousse un fruit beaucoup plus facile à récolter que les pignons de pin, nourrissant, et ultra courant : la faîne du hêtre.
Son parfum est entre la noisette et la châtaigne, et grillée, elle ressemble un peu à de l’amande…
C’est en ce moment qu’elles jonchent le sol des hêtraies (entre fin septembre et début octobre), mais mieux vaut commencer la cueillette tôt, les écureuils en raffolent…
Dans les campagnes, c’était précieux ! (Maintenant on marche dessus)
Aujourd’hui on n’en trouve nulle part en magasin : elles se sont complètement fait éclipser par les autres noix, plus faciles à cultiver, à ramasser et à transformer.
Il faut avouer qu’il y a plus à manger sur une noisette que sur une faîne…🙂
Mais il y a encore 50 ans de ça, dans les régions montagneuses du sud de la France, tous les membres de la famille partaient ensemble à la « faînée », pour faire des réserves d’automne. Hyper riches en bonnes graisses et en bons sucres, c’était l’aliment de choix pour passer la saison creuse…
– On en ajoutait une bonne poignée aux gâteaux de farine pour les rendre moins fades
– Les mères de famille ajoutaient quelques cuillères de son huile aux plats forestiers avec des champignons, du gibier… Elle est tellement pure qu’on peut la conserver jusqu’à 15 ans après son extraction ! (C’est plus que n’importe quelle huile d’olive ou de colza ! Et ça avait le mérite d’être plus facile à trouver qu’une olive, dans les régions les plus reculées et les moins chaudes…)
– On les faisait griller pour les manger comme des graines de tournesol, en milieu de journée ou avant le repas du soir…
– Certains foyers fabriquaient aussi un « beurre » avec ces fruits, en les broyant longuement ; on en donnait ensuite une cuillère aux enfants pour ses propriétés antiparasitaires…
Dans certaines régions on les ramasse encore avec des grandes toiles tendues aux pieds des hêtres. On secoue ensuite les toiles pour que le vent emporte les feuilles tombées avec les graines : et il ne reste plus que les faînes 🙂
Ouvrez l’œil, il y en a partout !
Vous trouvez des faînes partout où il y a des hêtres, dans les forêts sombres et humides à sols argileux.
Les années sèches avec un hiver doux sont les plus propices à de bonnes fainées, ce qui se produit environ tous les 5 ans, par cycles…
Vous saurez assez vite si c’est une « année à faînes », en écoutant le bruit que font vos pas dans les hêtraies. Plus le sol craque sous vos pieds, à cause des cupules (qui contiennent ses fruits) plus vous avez de chances de faire une bonne récolte !
Si vous venez de planter un hêtre, ne soyez pas trop impatient puisqu’il ne fructifiera pas avant au moins ses 30 à 50 ans !
Pour le reconnaître, c’est simple :
1. Son écorce est gris clair et lisse
2. Ses feuilles sont ovales et portent de petits poils blancs
3. Ses faines se trouvent dans une cupule (comme une bogue de châtaigne en plus petit) pleine de piquants, à raison de deux ou trois graines par fruit.
L’arbre ressemble à ça de loin :
La première fois que j’en ai cueilli, j’ai perdu la moitié de ma récolte
Le seul problème, c’est que ces petits fruits attirent autant les insectes que nous. La première fois que j’en ai rempli les poches de mon manteau, c’est presque la moitié des faînes que j’ai dû jeter arrivée à la maison, tellement elles étaient « mangées » de l’intérieur, par des petits insectes.
Voilà ma petite technique pour repérer celles qui sont bonnes à manger 🙂
• Astuce 1 : Cueillez les faines sans trous : celles qui ont un trou ont déjà été mangés par un insecte. Ce conseil à lui seul permet d’éliminer 3/4 des faines vides ou gâtées.
• Astuce 2 : En rentrant de cueillette, mettez toutes vos faines dans une bassine d’eau : les fruits sains tombent au fond, les fruits avec un habitant flottent à la surface.
Vous n’avez plus qu’à récupérer les fruits sains et à les mettre de côté.
Tout est bon dans la faîne sauf…
Toute la faîne se mange, sauf… sa peau.
Vous pouvez en manger un peu, mais à la longue, ça finirait par irriter votre système digestif, à cause de la choline qu’elle contient. En petite quantité, elle aide à prévenir tout un tas de dysfonctionnements du cerveau et du système nerveux mais à haute dose, elle provoque des maux de tête et de ventre…
Une technique très simple pour neutraliser la toxicité des faines est donc de les faire chauffer bien fort, à la poêle.
Une fois refroidies, frottez-les entre vos mains au-dessus d’un essuie tout : normalement la peau part toute seule !
Autre chose : avant de les cuisiner, faites tremper vos faines dans des bains successifs (2 ou 3). Cela permet de les nettoyer et de les rendre plus digestes !
Ma recette de ravioles aux faines de hêtre
Je vous partage une recette très simple à réaliser mais qui fait toujours son petit effet !
Ingrédients pour 4 personnes
• 500 g de ravioles ricotta-épinard
• 200 g de faines de hêtre décortiquées
• 2 oignons nouveaux
• 1 bouquet de persil
• 50 cl de crème fraîche
• du parmesan
• 30 g de beurre
• 30 g de farine
• sel, poivre
• faines et persil pour la décoration
Préparation
1. Faites cuire les pâtes.
2. Faites torréfier à la poêle et sans huile les faines (très légèrement et en remuant sans cesse, ça ne doit pas noircir, c’est juste pour exalter leur arôme).
3. Mixez les faines, l’oignon nouveau et le persil.
4. Ajoutez la crème fraîche, les épinards, mélangez et assaisonnez
5. Faites un roux avec le beurre et la farine, dans une casserole. Ajoutez la crème aux faines, puis le parmesan et laissez fondre pour obtenir une sauce onctueuse.
6. Versez sur les pâtes et ajoutez quelques brins de persil, des faines, des oignons nouveaux finement ciselés et un peu de parmesan râpé pour la décoration.
PS : pour profiter plus longtemps des faines, vous pouvez en moudre une partie en farine, une fois bouillies. Cette farine a l’avantage d’être sans gluten, très nourrissante, en plus de donner une saveur subtile à mes crêpes et gâteaux 😉
A très vite,
Mathilde Combes
Très intéressant, merci! Je vais essayer de les cueillir dorénavant 🙂
Bonjour Mathilde
Un grand merci c’est une très belle découverte.
Belle continuation 😁
Bah je ne connaissais pas je vais essayer ! Mais ne soyez pas pressé aujourd’hui il pleut je n’irais donc pas récolter ces fruits .
Merci 🙏 j aime redécouvrir tout ce que vous nous partagez et que nous avons malheureusement perdu. Je pense qu’il s’agit de notre avenir!!! quand l’humain se sera remis sur son chemin d’éveil et aura réussi a s’émanciper du matériel et ressortira dehors pour se remettre à vivre 🥰🥰🥰.
Bonjour Mathilde,
Je n’ai pas de mots assez fort pour vous remercier mille fois de vos conseils, de vos astuces et de vos recettes et toutes ces découvertes que le nature nous offre si généreusement. J habite une grande ville mais je prends parfois ma voiture pour aller randonner en campagne et je ne manque pas de faire des cueillettes.
Mille grand merci à vous
A bientôt de vous lire
Maitena
Je confirme, c’est comestible et assez bon nature.
Etant jeune (14 ans ?) j’étais allé à Paris (20km) et retour en me nourrissant uniquement de faines trouvées sur mon chemin ! (en pleine ville)
je découvre tant de secrets ancestraux grace à votre publication. Merci ! ,j’habite à la campagne en isère, je vais donc élargir mes recherches,pour mes réserves en hivers. J’aime énormément vos partages.
Bonjour Mathilde, j’ai toujours dit que on apprend tous les jours,et franchement avec vous j’en apprends plus malgré mon âge avancé merci encore
super bon merci
Merci à vous.
Je pars au bois de ce pas.
Comme d’habitude vous nous ravissez les papilles et les yeux. Merci Mathilde. Je vais me lancer dans la récolte de ces graines…
Bonjour, j’ai déjà ramassé des faines dans la forêt. On les mange juste grillées à la poêle je n’ai jamais pensé les préparer autrement . Merci pour ces bonnes idées et la recette . A bientôt
Désolée mais sur la photo ce n est point des ravioles mais des cappellettis. Cela ne change rien à la recette.
Et merci pour cette découverte des faïnes de hêtres.
Merci, je ne savais pas du tout que les faînes étaient comestibles. Un atout de plus pour cet arbre que je trouve parmi les plus beaux ! J’a Un faible pour le hêtre, appelé « fayard » dans la Drôme, de son nom latin « fagus ».
document tres intéressant je met le plat a ma carte de ma maison d hôte
Très intéressante. Quand j’étais enfant en Hollande nous avons toujours cueilli et manger les faines.
Je vais demander mes amies demain où je peux trouver les hêtres, je n’en ai pas dans mon jardin.
Merci beaucoup
Je vous remercie d’avoir ravivé un souvenir de ma lointaine enfance allemande : je retrouve sur ma langue l’âpreté des faînes crues, issues des hêtrées de Forêt Noire…
Merci pour ce nouvel article très intéressant, je ne connaissais pas du tout. Par ailleurs, je tiens à préciser que pour une fois je suis content de recevoir des mails réguliers car les vôtres sont souvent riches de savoir. Pour tout ça me ci
Merci Mathilde de cette recette, je vous souhaite longue vie
Jean-Luc
Merci, Mathilde,
Je rêve un jour aller me promener dans une forêt avec vous, connaisseuse de toutes les plantes.
Malheureusement, je ne vais pas me promener en forêt toute seule ,alors difficile pour moi de pouvoir tester vos recettes a mon triste REGRET . Mais je passe toujours un agréable moment en vous lisant . Encore MERCI .
Avez vous pensez a organiser ds w end ?
Bonjour et merci pour toutes vos richesses ! Un vrai plaisir de découverte et même si j’évolue en montagne et ramasse, consomme quelques plantes, j’ai encore beaucoup à apprendre. Je vais tester les faines dès que la météo sera plus favorable. J’ai des recettes à base d’orties que je peux échanger si c’est possible.
Bonjour Mathilde, je me joins à tous les commentaires que je viens de lire pour vous remercier encore pour ce partage si intéressant ! Moi aussi, pour une fois, je suis contente de recevoir des mails régulièrement… les vôtres.. sans avoir envie de les supprimer !
J’habite la forêt, je cueille et ramasse beaucoup, et vos messages m’apportent toujours une idée, un détail, une info de plus.
Merci !
Gin
Merci pour vos partages
Je suis tentée d aller faire un tour en forêt et de tester les procédés décrits dans votre article
Belle journée à vous
Cordialement
Marylene
Un grand Merci ! Je n’avais aucine idée qu’elles étaient comestibles !!!
Merci pour ça !!!
Formidable découverte ! Un grand merci pour cet article… et pour tous les autres.
Merci pour votre cours sur les faines – il m’a rappelé mon enfance d’après-guerre en Allemagne où les “fainées“ nous ont aidés à survivre. En Bretagne, où je vis depuis 60 ans, les hêtres sont rares et j’ai peu de chance de pouvoir me régaler de faines …
PS Pardonnez-moi une remarque: De grâce, n’écrivez pas “je vous partage“, mais “je partage AVEC vous “ ou “je vous communique“. Cela m’attriste toujours de constater que la langue française, que j’ai eu tant de plaisir à apprendre, se fait “maltraiter“.
Bonsoir Mathilde,
Merci pour toutes vos informationes, elles sont interessantes
J’ai la question – comment on décortique les faines, elles sont assez petites et je ne me voie pas de passer un apres-midi entier pour decortiquer aec un petit canif une poigne de faines?
Cordialement
bonjour Mathilde
Votre article sur les faînes de hêtre est très intéressant mais ,hélas, je n’ai pu voir aucune de vos photos ( carré vide ) .
Une petite question: comment faire soi-même son huile et sa farine et comment les conserver. merci pour vos lettres fort instructives. cordialement
Bonjour,
Merci beaucoup pour ce partage, je ne connaissais pas cette fève, et ses bienfaits, je trouve vraiment très enrichissant cette connaissance de toutes ces diversités de plantes graines et j’en passe….
Bjr, recettes super alléchantes. ..mais est ce nécessaire de faire bouillir les faines avant de les moudre en farine ? Ne peut-on pas le faire cru?
Merci pour ce retour aux sources de nos anciennes alimentations .
Je ne manquerai pas d’aller discuter avec les frênes d’autant qu’ils sont très sociables et grandissent en famille ;
encore mille mercis !!!!!
ça a l’air délicieux cette petite recette!
je decouvre seulement cet article du mois de septembre,je connais la faine,ma grand mère me l a appris quand j etais petites,lors de nos balades en foret ,j en mangeait,de nos jours c est tres peu connu,c est bien que vous remettiez a jour ces graines .merci