Vous voyez tous à quoi ressemble une « myrtille » du commerce : peau sombre, chair pâle, petit goût sucré, gros fruits.
C’est bon, mais… soyons honnêtes : ça n’a pas un goût transcendant.
Le vrai goût de la myrtille, on ne le trouve qu’en montagne, directement sur l’arbre. Bien au soleil et loin des champs cultivés.
Les baies sont plus petites, plus foncées, presque noires.
Dès qu’on les frôle, elles répandent leur jus pourpre sur vos doigts. Leur goût est puissant, à peine acidulé, entre le cassis et la mûre.
« C’est bien mignon tout ça, mais ce n’est pas rentable ! »
Elles ont beau être délicieuses, les magasins n’en vendent que très rarement… Parce qu’elles sont beaucoup plus compliquées à récolter, moins rentables.
Voilà le résultat de 2h30 de cueillette ; un petit Tupperware, même pas rempli à ras bord :
Les myrtilles sauvages sont trop petites, trop fragiles, trop éparses sur leur tige… Tout ça n’est pas très pratique quand on veut en ramasser des quantités astronomiques.
L’industrie agro-alimentaire a eu vite fait de les remplacer par une variété domestique ultra productive : le bleuet (vaccinium corymbosum), qui ressemble assez, mais qui n’est pas du tout de la même espèce que les myrtilles sauvages (vaccinium myrtillius).
Venue des Etats-Unis, cette variété produit des fruits très gros, dont la chair est si blanche qu’ils ne tachent pas. Ils ont l’avantage de faire gagner un temps infini à la récolte.
En plus ils se conservent très bien et sont moins fragiles au transport.
Résultat : on en plante des lignes et des lignes et on ne vend plus que ces bleuets dans nos magasins, sous l’étiquette légèrement mensongère de « Myrtille ».
Pourquoi les sauvages sont meilleures
La vraie myrtille, c’est LA baie des montagnes ; comme elle grandit sur un sol caillouteux et pauvre, elle développe tout un tas de composants protecteurs. Ce sont eux qui lui permettent de survivre dans les nuits froides, en altitude et sous le soleil sec de l’été, malgré le peu de nutriments que contient la terre où elle pousse.
C’est pour ça que les baies sont plus petites et plus foncées : elles contiennent moins d’eau, plus de principes actifs (c’est aussi pour ça qu’elles ont plus de goût).
Regardez vos mains après 10 minutes de cueillette, ça ne trompe pas :
Complètement tachées de rouge !
Ce violet vient des anthocyanes : une famille d’antioxydants supers puissants, qui ont tout un tas de propriétés : ils aident la peau à rester en bonne santé, maintiennent l’acuité visuelle, freinent l’inflammation, empêchent le vieillissement de nos cellules…
Et dans les « myrtilles » blanches des magasins… il y en a beaucoup moins ! Vous pouvez toujours essayer de les éclater entre vos doigts, je vous garantis qu’il n’y aura qu’une pulpe pâle entre vos mains.
Et… moins de pigments = moins de nutriments. Même à l’œil nu c’est flagrant :
Vous aurez beau manger 2 barquettes de myrtilles des magasins… Elles n’arriveront pas à la cheville des sauvages, et contiendront toujours 2 fois moins d’antioxydants. [1]
Sans parler du goût…
J’échange volontiers 5 minutes au rayon fruits rouges contre une après-midi dans les buissons
Alors je préfère vous prévenir : comme beaucoup de récoltes sauvages, la cueillette de la myrtille demande du temps.
Beaucoup de temps.
Voilà comment j’ai passé ma belle après-midi d’hier :
Penchée, dans des buissons de montagne à presque 3 heures de marche de la vallée, les mains enfouies entre les tiges des myrtilliers 🙂
Chaque petite baie que vous mettez dans votre sac est une baie que vous aurez dû détacher de sa tige avec douceur, en faisant bien attention à ne pas trop l’écraser (elles sont plus fragiles que leurs analogues du commerce). Les baies sont assez rares sur les tiges, alors il faut souvent soulever les petites branches, jouer avec les hauteurs, s’accroupir, s’assoir au milieu des fourrés…
La cueillette des myrtilles est un jeu de patience et de délicatesse, presque de dévotion.
Et c’est précisément ça qui la rend meilleure ! Elle a le goût des kilomètres que vous avez marchés pour la trouver, des heures passées dans les buissons pour la cueillir.
Je peux vous garantir que la tarte que vous sortez du four après une journée de cueillette a un petit parfum de fierté (en plus d’avoir un goût à tomber par terre).
J’espère que vous aurez la chance d’y goûter !
Pour tous ceux qui n’ont pas de montagne à proximité…
Pour ceux qui n’ont pas de montagne à proximité, ou qui n’ont plus la force et l’envie de la gravir, vous pouvez aussi acheter des myrtilles sauvages, rassurez-vous.
C’est juste qu’elles sont beaucoup plus difficiles à trouver, et qu’il y a moins de chances que vos supermarchés en aient.
1. Si vous achetez des myrtilles congelées, regardez toujours l’étiquette : s’il y a écrit Vaccinium corymbosum ou Vaccinium angustifolium c’est que ce que vous tenez entre les mains est une boîte de bleuets cultivés. S’il y a écrit Vaccinium myrtillius, c’est que vous êtes chanceux ; vous avez mis la main sur des baies sauvages !
2. Si vous allez au rayon frais en supermarché, malheureusement, vous ne trouverez que des bleuets, pas de « vraies » myrtilles. Mais vous les trouverez assez facilement :
– Sous forme sèche, sur internet. Je vous donne quelques liens que j’ai trouvés en fouillant un peu : https://www.naturalia.fr/myrtille-ss-sucre-100g,
https://speeduline.fr/fr/fruits-secs/73-116-myrtilles-sauvages-sechees-bio-sachet-500g.html
Elles viennent parfois d’un peu loin… lisez bien l’étiquette 🙂
– En magasin bio. Vous aurez plus de chance d’en trouver des sauvages, (peut-être des locales ?) même si elles risquent de vous coûter plus cher.
Avec ou sans myrtilles, je vous souhaite une belle journée,
A très vite,
Mathilde Combes
PS : Voilà à quoi ressemblait ma super belle tarte. Je vous reparle bientôt un peu plus en détail de toutes les recettes sauvages que je préfère (avec les bons ingrédients, les quantités, mes petites techniques…)
Désolée ! mais les myrtilles ne poussent pas sur des arbres !!! Elles affectionnent certains types de sol ,se développent mieux dans des sites ombragés et vous semblez ignorer aussi les ravages destructeurs effectués avec un « ramassage » dit au râteau ..(spécialement conçu à cet effet de rapidité de cueillette !) .Il se trouve que je sais très précisément de quoi je parle , Faire confiance aux informations de votre site , une bonne question ?
BONJOUR MATHILDE.
Apparemment vous goutez la myrtille directement sur l' »arbre »…Cela veut-il dire que vous les mangez crues ? Depuis longtemps et encore maintenant la médecine recommande de ne rien manger de ce que la nature produit près du sol à cause des déjections du renard. Qu’en dites-vous ?
Bonjour Mathilde,
Merci beaucoup pour vos articles. J’ai lu celui-ci avec beaucoup d’attention car ma mère habite les Vosges, le pays de la myrtille. Concernant la myrtille cultivée, je pense que vous parlez des BLUETS (et non pas bleuets, petites fleurs bleues).
Là-bas, les gens appellent çà le bluet des Vosges.
Merci encore…
bonjour Mathilde,
je vis en Belgique et dans les fagnes nous avons aussi beaucoup de myrtille….patience pour les récolter à la main car certains le faisait au peigne…depuis interdit
mais il est aussi recommandé de ne pas manger les baies près du sol…déjections.
Bonsoir,
Je constate la même chose avec les mûres sur les ronciers : doigts tachés au bout de quelques baies ramassées, avec les grattages et piqûres d’épines en plus ; mais en aucun cas, je n’essaierai d’en acheter au supermarché ou autre commerce. Je les lave à l’eau claire, mais j’en mange aussi directement sur pied quand elles sont en hauteur, en faisant attention à ne pas engloutir ces petits insectes qui peuvent s’y trouver, peu de risque d’intoxication. Ces petits fruits sont pleins de vitamines et sont délicieux. Les myrtilles sont un vrai régal quand on les ramasse dans la nature sur pied. Dans les commerces, elles n’ont effectivement que peu de goût. Et c’est pareil pour plein d’autres fruits.
Merci
Il y a des peignes à myrtilles, des sortes de petites pelles à points métalliques: les cueilleurs « commerciaux » les utilisent, évidemment ça tient un peu du bulldozer appliqué aux plants. D’autre part il me semble que la cueillette dans la nature est réglementée: dates, nombre d’heures passées à cueillir, quantité maximum? Je ne suis pas un spécialiste mais il faudrait se renseigner.
Bjr, j’ai bien aimé votre commentaire sur les myrtilles
J’ai mis quelques pieds dans mon jardin, des « bleuets » hélas faute d’avoir trouvé des pieds sauvages comme du temps de ma jeunesse en Bretagne. Si vous savez ou on peu acheter des pieds sauvages je suis preneur
Cordialement
Pardon, je suis un peu en retard… je glane des glands de chêne, faut-il les ramasser encore VERTS ou déjà BRUNS? MERCI beaucoup.
Bonjour Mathilde,
Très intéressante votre lettre sur les myrtilles, elle me rappelle de nombreuses cueillettes faites en Auvergne…
Cependant évitez s’il vous plaît, de parler de « Tupperware » et préférez saladier ou bol, d’abord parce que Tupperware est une marque de contenants alimentaires qui n’a pas besoin de promotion de votre part (et qui n’était pas exempte de chimie : en 2012 elle a d’ailleurs changé la composition de ses plastiques qui contenait des traces de bisphénol A…) et ensuite parce que cela n’est pas du tout en harmonie avec le ton de tous vos courriers, au discours qui se veut proche de la nature (« autrefois… les anciens… ma grand-mère… les plantes… la terre-mère… »). J’aurais attendu une photo d’un récipient en inox ou mieux, d’un petit panier en osier !
Bien à vous, Brigitte
Une petite astuce pour cueillir myrtilles et framboises…coupez le haut dune bouteille en plastique et percez deux petits trous à 1 cm du bord , auxquels vous attacherez un ruban assez long pour le passer autour de votre cou. Fini le récipient qu’on renverse ou qu’on ne trouve plus dans les buisssons! La bouteille reste à l’aplomb quand vous vous penchez et ne se renverse pas. Quand elle est pleine il n’y a plus qu’à aller la vider dans le seau resté en lisière ou dans la voiture…
merci pour la précision, mon gendre qui vient du Québec nous dit que la bas ils appellent ça des bleuets, ceux même qui sont sauvages. j’en ai planté des pieds dans mon jardin dans les yvelines et au bout de trois ans, ils commencent à nous donner quelques fruits, c’est bien sympatique.
des myrtilles sur les arbres ?
par contre j’ai toujours mon peigne à myrtilles a la cueillette dans les Voges, ou au Pilat maintenant interdit
Certes, les myrtilles sauvages sont irremplaçables, mais pourquoi perdre nombre de principes actifs par la cuisson au four d’une tarte aux myrtilles?
Bonjour Mathilde,
Je trouve votre article sur les myrtilles très intéressant.
J’allais à la cueillette avec mes enfants quand ils étaient petits.
Maintenant je fais mon plein de myrtilles chez un revendeur que nous avons trouvé en Lozère. Il rachète les myrtilles cueillis part des
particuliers et les revend. Il y a aussi des champignons. Cordialement
Che.re Mathilde
Les vraies myrtilles poussent naturellement en Suède Pologne et Russie dans les plaines et les forêts, on a l’habitude des les consommer tous les étés.
Génial! Merci Mathilde de partager avec nous votre précieux savoir!
Bonjour,
Un truc tout simple que l’on trouve en vente très facilement du côté de Bareges dans les hautes Pyrénées, un peigne à myrtilles cela permet de les cueillir facilement.
Cordialement
Gourmande
J’ai jadis cueilli des myrtilles (brimbelles) dans les Vosges où je suis née. Je confirme: la patience pour un résultat « colorant », mais une saveur sans pareille. Mon père ne voulait pas se servir d’un peigne (rifle) car cela abime les pieds, et met des feuilles dans le seau. Confiture, tartes, mais aussi vente aux commerçants (pas cher, nous étions des enfants naifs) qui les revendaient sûrement un bon prix aux pâtissiers mais aussi pour faire du colorant. Notre travail des vacances, entre autres
Ce que vous dites est intéressant,mais je ne comprend pas que quelqu’un aussi près de la nature utilise du tupperware,donc du plastique.
C’est quoi cette blague ? Le texte disait : » Voilà comment j’ai passée… agenouillé dans la nature » Et j’agrandis la photo. Là, je n’en croyais pas mes yeux ! Trois sacs poubelles au milieu de la nature ! C’est ça la cueillette des myrtilles ??
Bonjour ! Je pense que vos yeux vous jouent des tours 🙂 J’étais perchée sur un montagne où il n’y avait pas la moindre poubelle !
Belle journée à vous,
Mathilde
J’ai eu beaucoup de plaisir à cueillir des myrtilles lorsque je vivais dans l’est, utilisant l’outil spécial créé à cet effet par les paysans vosgiens. Aujourd’hui , vivant dans le sud ouest, j’ai retrouvé le plaisir de la dégustation de ces baies au sein de l’enseigne Grand Frais où l’on trouve des myrtilles de culture, mais également sur une courte période comme en ce moment de vraies myrtilles sauvages. Par ailleurs, il est possible de consommer des myrtilles sauvages en s’approvisionnant toute l’année auprès de l’enseigne Picard dont les produits conservent leurs vertus nourricières.
Bonjour, et merci pour vos « bonnes adressses »! Je ne savais même pas que Picard faisait des myrtilles sauvages!
Bonne soirée à vous,
Mathilde!
Tu as oublié de parler du peigne à myrtilles qui permet de ramasser environ 1.5kg de myrtilles à l’heure en montagne. Limite: 10kg par personne