jeunes pousses

Quand je vous parle de mes trouvailles, tout a l’air de fonctionner parfaitement.

Ma lessive de lierre, mon gingembre en pot, ma farine de glands. Sur les photos, tout « marche ». Tout est réussi.

Sur internet, c’est d’ailleurs la règle : quand on rédige une recette ou un guide d’instruction, il faut montrer les réussites, les exemples « parfaits ».

Personne ne songerait à montrer une photo de son premier pancake aplati, et pâlichon.

Pas si simple

C’est le problème : de l’extérieur, on a l’impression que c’est simple, intuitif, évident.

Les échecs, les dizaines de tentatives infructueuses et les ratés sont passés sous silence. Feuilles moisies, confitures fermentées, graines mortes.

Hop, effacés.

On ne voit que des réussites brillantes.  De belles pousses bien vertes, et vigoureuses.

Ce phénomène a un nom, « le biais du survivant ». Celui qui parle, c’est celui qui a réussi.

Résultat : vous avez l’impression que tout le monde y arrive ! Que c’est d’une évidence enfantine.

Je ne vous ai pas tout montré

Or, pas à chaque fois ! Faire germer des graines, par exemple, est loin d’être aussi simple qu’on pourrait le croire.

Ces deux dernières semaines, alors que je pensais maîtriser la technique, il y a une graine que j’ai lamentablement fait moisir dans son germoir.

Je me disais que ça ne servait à rien de montrer ça, mais je crois que j’ai changé d’avis.

Aujourd’hui, au lieu de vous donner mes conseils pour bien faire germer ses graines, je voulais donc vous montrer ce que j’ai raté, pour que vous ne le fassiez pas à votre tour. 

Pépins moisis, pas germés

J’avais déjà testé toute la panoplie des graines « faciles » à germer : lentilles, pois chiches, alfafa, haricots rouges…

J’ai voulu m’aventurer en terrain inconnu. Et après avoir cuisiné un coing, je lui ai prélevé quelques pépins, en me disant que ça serait facile de les faire germer. Comme les autres !

Résultat, au bout de 3 semaines :

graines coings

Toujours rien.

Ma technique habituelle n’a pas marché

Pour faire germer vos graines normalement :

  1. Vous les laissez tremper quelques heures
  2. Vous les égouttez un peu avant de les mettre dans un petit bocal en verre, sur une fine couche de papier absorbant bien humide
  3. Vous fermez soigneusement votre bocal
  4. Et vous attendez patiemment en mettant le tout bien au soleil.
  5. La graine met en général 10 à 15 jours à germer.
  6. Ensuite, on la plante en terre en arrosant bien, et tout est bon !

Mais là… Au bout de 2 semaines, toujours pas de germe à l’horizon.

Juste une petite graine moisie nageant dans un fond d’eau.

Pourtant, j’avais respecté toutes les petites indications habituelles :

  • Pas trop d’eau, il ne faut pas que les pépins « nagent » dans leur bocal
  • Beaucoup de soleil
  • Une pièce bien chaude
  • Un bocal bien fermé…

Rien à faire, pas une seule pousse à l’horizon.

Puis j’ai compris !

En ressortant un vieux livre de ma bibliothèque, j’ai compris pourquoi la germination avait complètement raté.

Il expliquait que dans la nature, les graines de coing avaient besoin d’une période de « stratification » avant de germer.

Stratification ? Un mot technique pour dire « refroidissement. »

Je n’ai pas compris à quoi cela servait exactement avant de lire le paragraphe qui explique l’intérêt de ce refroidissement.

Mimer le cycle des saisons

En fait, c’est exactement comme dans la nature !

A l’automne, les fruits du cognassier tombent à terre, se décomposent, et finissent par laisser leurs pépins au contact avec le sol gelé.

Où ils restent au moins 3 mois, à des températures très basses, avant d’arriver en février-mars.

L’air se réchauffe avec l’arrivée du printemps, le soleil tape plus fort : seulement à ce moment-là, les pépins de coing se mettent à germer.

J’avais sauté toute une saison !

En mettant directement à germer les pépins que je venais à peine de sortir de leur fruit, j’avais « zappé » une des parties clés du processus de germination : le repos, le refroidissement de l’hiver.

J’étais passée directement de l’automne au printemps. Comme ça, en un claquement de doigts. Forcément, mes pépins n’ont pas aimé…

Ils n’ont pas germé.

L’hiver de poche : votre frigo

Du coup, je n’ai pas fait deux fois la même erreur : il y a trois jours, j’ai récupéré quelques pépins de coing juste avant de faire ma confiture, et je les ai enfermés dans un petit sac ziplock, avec une poignée de sable, avant de les mettre dans le bac à légumes de mon frigo.

J’ai encore 3 mois à attendre, avant de pouvoir les en sortir. Mais je crois que cette fois-ci, quand je les mettrai dans mon petit bocal au soleil, ils germeront !

C’est un peu le même processus pour un tas d’autres espèces :

–    Les pommes (6 mois au frais)
–    Les myrtilles (5 mois au frais)
–    Les abricots (4 mois au frais)
–    Les érables…

Si vous n’avez jamais réussi à faire germer vos pépins de pommes, essayez donc ça 😃

Et donnez-moi des nouvelles de vos plantations ; échec ou réussite, tout est bon à prendre et à apprendre !

A très vite,

Mathilde Combes