
Nous sommes le 4 décembre, et ce soir, je vais faire quelque chose qui me semble tout à fait normal, mais qui vous paraîtra peut-être étrange.
Je vais sortir du coton, des graines de blé (ou des lentilles ) et préparer mes coupelles pour les faire germer.
Pour moi, c’est le rituel immuable qui donne le coup d’envoi des fêtes de fin d’année.
C’est une tradition que j’ai toujours connue et que nous prenions très à cœur lorsque nous étions enfants !
Pendant trois semaines, nous surveillions l’évolution, car les graines devaient être parfaites pour trôner sur la table de Noël 🙃
Mais en en discutant autour de moi ces derniers jours, je me suis rendue compte que très peu de gens connaissaient cette tradition !
Beaucoup ignoraient pourquoi je m’amusais à faire pousser de l’herbe en plein hiver.
Surtout, ils ne soupçonnaient pas les histoires incroyables qui se cachent derrière ce geste simple.
Alors aujourd’hui, j’ai eu envie de partager avec vous ce joli secret.
Car derrière ces petites graines, il y a des traditions antiques et des légendes mystérieuses 😉
Une inquiétude très ancienne…
Si cette tradition est née en Provence, elle répond à une angoisse universelle.
Dans l’Antiquité, les paysans avaient une grande peur : que la nature ne se réveille pas après l’hiver.
Pour se rassurer, ils réalisaient un test au moment du solstice avec les graines de leurs futures récoltes (principalement du blé, base de leur alimentation).
C’était un véritable oracle agricole : si ces graines germaient bien à l’intérieur de la maison, c’était la preuve que la terre était encore féconde et que les moissons de l’été suivant seraient abondantes.
… Devenue légende
Lorsque l’Église a cherché à donner un sens chrétien à ces pratiques, elle les a associées à Sainte Barbe, célébrée le 4 décembre.
Selon la légende, Barbara (devenue Sainte Barbe ), une jeune femme d’une grande foi chrétienne, fut enfermée dans une tour par son père, furieux qu’elle refuse d’abandonner sa religion.
Elle aurait gardé dans sa poche quelques grains de blé, souvenir des travaux des champs ou simple provision de voyage selon les versions.
Dans l’humidité de sa prison, ces grains ont commencé à germer, même dans l’obscurité totale, prouvant que la vie triomphe toujours, même dans l’obscurité.
Aujourd’hui, j’aime perpétuer ce rituel car il garde le meilleur de ces deux mondes : le bon sens paysan et la poésie de la légende 😊
L’adage provençal dit d’ailleurs : « Quand lou blad vèn bèn, tout vèn bèn ! » (Quand le blé vient bien, tout vient bien !).
Faire pousser du blé, c’est la chance, la prospérité, l’abondance pour toute l’année qui suit 😉
À vous de jouer
Si vous souhaitez adopter cette tradition pour une belle décoration à Noël (et attirer la chance pour l’année à venir !), voici la marche à suivre.
Matériel et ingrédients :
- du blé (ou des lentilles)
- du coton
- de l’eau
- une assiette ou coupelle
Tapissez le fond de votre coupelle avec du coton.
Mouillez le coton. Attention à l’excès : il doit être humide comme une éponge essorée, mais ne pas « baigner » dans l’eau, sinon les graines pourriront.
Déposez vos graines dessus. N’hésitez pas à en mettre beaucoup ( une couche serrée) pour obtenir un résultat très fourni, comme une pelouse miniature.
Placez vos coupelles près d’une fenêtre (la lumière est essentielle pour que le blé soit vert et non jaune) et vaporisez un peu d’eau chaque jour.
Au bout de quelques jours, la magie opère et les premières pousses apparaissent ! 😊


3 jours séparent ces photos, prises l’an dernier !
D’ici le 24, vos pousses devraient faire 10 à 15 cm de haut.
Vous pourrez alors les entourer d’un ruban rouge et les poser sur votre table 😊
Et après les fêtes ?
La tradition veut qu’on ne les jette pas, mais qu’on les plante en pleine terre (jardin ou jardinière) pour rendre cette fertilité à la nature.
Connaissiez-vous cette tradition et l’histoire qui se cache derrière ? Avez-vous d’autres anecdotes à partager ? Vous pouvez laisser un commentaire.
A très vite,
Mathilde Combes
PS : Vous savez peut-être que Sainte Barbe est aussi la patronne des pompiers et des artificiers. La fin de la légende (un peu tragique) raconte que juste après avoir exécuté sa fille, le père cruel fut frappé par la foudre. Depuis, on invoque Sainte Barbe pour se protéger du feu, des éclairs et de tout ce qui « tonne et détonne » !
