Est-ce que vous vous rappelez d’une seule fois où vous n’avez pas trouvé de tomates au rayon « légumes » ?

Moi… non.

Même en décembre, même en janvier : il y a toujours une pile bien brillante qui trône fièrement au milieu du rayonnage

D’accord, elles sont un peu dures, mais elles sont toujours là.

Même au moment où la neige vous brûle les doigts : si vous avez envie d’une petite salade tomate mozzarella, d’une ratatouille ou d’un gaspacho… c’est possible.

Des tomates, des marrons et des fraises

Et c’est ça qui est fou aujourd’hui ; on mange ce qu’on veut, quand on veut.

Jamais dans l’histoire, il n’a été aussi facile de manger ce qui nous fait envie :

  • Tomates + avocat pour entrée,
  • Courges + marrons pour le plat,
  • Pommes + fraises en dessert…

Il y a à peine 1 siècle, ce repas aurait été un menu de fête incroyable ! Des fruits d’hiver et d’été, des légumes d’ici et de l’autre côté de la terre : dans la même assiette… le luxe !

Même une orange était considérée comme un fruit exotique et coûtait une petite fortune.

Aujourd’hui, rien de plus normal que d’empiler des avocats du Mexique sur des tomates d’Espagne dans son caddie.

Tout le monde peut se payer un avocat

Le plus fou, c’est que ces légumes ne coûtent plus rien !

Tout le monde peut se payer un avocat, qui a fait 8 heures de trajet et grandi avec des litres et des litres d’eau à des milliers de kilomètres d’ici… pour 1 ou 2 euros.

Les processus de cultures ont été tellement optimisés, qu’une tomate ou une courgette, même en plein hiver, ça ne coûte rien :

–    Les gros producteurs les cultivent sous serre, quelque part entre l’Espagne et le Maroc : ça veut dire qu’on peut étendre les récoltes sur toute l’année, en chauffant bien.

–    En utilisant des engrais, des pesticides et un arrosage automatique, chaque pied produit plus et tombe moins malade.

–    On embauche des « ramasseurs » peu payés : leurs salaires sont si bas qu’ils impactent à peine le prix des légumes.

–    On sélectionne les variétés les plus « transportables », celles qui ne s’écraseront pas pendant les voyages en camion, en train ou en bateau ; une tomate à chair plus « dure », et peau épaisse, ça garantit moins de pertes à l’arrivée !

Tout ça, on l’imagine vaguement…

Mais voilà ce que ça donne « en vrai » :

Culture de masse de courgettes sous serre

C’est la région d’Espagne d’où viennent la majorité de nos tomates d’hiver.

Un océan de plastique, à perte de vue, adossé aux montagnes d’Andalousie.

Ces légumes-là ne bougeront pas d’un iota

Comme leur culture ne dépend pas du cycle des saisons, de l’intensité du soleil ou de la quantité de pluie qui est tombée ce jour-là, le goût de ces tomates-là reste identique toute l’année !

Presque comme si elles poussaient « hors-sol ».

C’est pour ça que les tomates rondes du rayon légume ont la même tête en janvier, en mars, en août, en décembre… elles poussent avec la même chaleur, les mêmes engrais et la même eau !

Chaque légume est une copie conforme de son voisin :

Il n’y a plus d’histoires de pleine lune, de gelées, de « bonnes » ou de « mauvaises » années : toutes les années sont des bonnes années, toutes les saisons sont les bonnes saisons !

Là, vous vous dites, « tant mieux pour nous ! »

Et c’est en partie vrai. On désire, et nos assiettes nous obéissent… C’est agréable, et ce n’est pas moi qui vais vous dire le contraire 🙂

Sauf qu’en nous coupant des cycles de la nature, on se coupe aussi des besoins de notre corps !

On mange la même chose toute l’année… Alors que notre corps n’a pas les mêmes besoins toute l’année !

–    Une tomate d’été, ça contient l’eau qu’il faut à notre corps pour empêcher la peau de se déshydrater avec la chaleur et tout le lycopène nécessaire pour qu’elle se remette plus vite des coups de soleil. En hiver, on a beaucoup moins besoin de tout ça !

–    Une baie de cynorrhodon, en janvier, contient la vitamine C qu’il faut à notre corps pour résister aux petits rhumes.

–    Une racine de pissenlit, au printemps, ça a -comme par magie- les propriétés dépuratives qu’il faut pour aider les organes à se nettoyer des déchets accumulés pendant l’hiver…

La nourriture qu’il nous faut pousse tout autour, au bon moment, mais on y est de moins en moins sensibles. 

On a réussi à rendre « compliquée » une des règles les plus basiques de notre évolution : manger ce qu’il y a autour de nous, au moment où ça pousse.

À force de « lisser » tout ça sur l’année, pas étonnant que les carences et les prescriptions de compléments alimentaires se multiplient !

Pas besoin de spiruline, de ginseng … croquez dans une vraie myrtille sauvage

Je suis convaincue qu’en mangeant ce que la nature nous fait pousser, au bon moment, on n’a pas besoin de tous les « super aliments » exotiques qu’on nous vend.

En mangeant une vraie belle récolte de mûres ou de myrtilles de septembre, vous mangez au moins autant d’anthocyanes qu’en avalant votre petite gélule de laboratoire.

En mangeant les tomates de l’été en été (et pas en hiver), elles seront plus remplies de vitamine C, d’antioxydants et meilleures au goût que n’importe quelle tomate hors sol et hors saison.

Une petite fraise des bois de juillet aura mille fois plus de goût (et de propriétés) que les 3 grosses fraises produites sous serre.

C’est logique et pourtant… c’est comme si on oubliait par moment.

Plus vous attendez, meilleur c’est

Vous verrez, si vous attendez 6 mois le retour des tomates, la première que vous croquerez au début de l’été, aura un goût incroyable.

Pareil pour les châtaignes, les fraises de bois, les cerises, les roses…

Je ne les trouve jamais aussi bonnes que quand je les ai vraiment attendues.

La récolte de roses du printemps, qui embaumait toute ma cuisine

Comme si au lieu de manger machinalement votre repas aux heures « convenues », parce que la table est mise et le repas servi, vous attendiez d’avoir vraiment faim, de visualiser chaque plat qui vous ferait envie, de saliver à l’idée de manger, pour sortir votre assiette : ça change tout !

À très vite,

Mathilde Combes

PS : Je vous prépare un condensé de mes récoltes au fur et à mesure de l’année, pour apprendre à manger les fruits et légumes sauvages qui poussent autour de vous, au fil des mois.  
Je vous en reparle bientôt !