Capturer l’odeur de la violette

Quand j’étais petite, il y avait de grands parterres de violettes chez moi.

Je collais mon nez à ces petites fleurs à chaque fois que je jouais dans l’herbe à côté.

Mes narines se remplissaient doucement de leur odeur ; j’aurais voulu rester couchée là tout le printemps.

Le problème, c’est que ce parfum… je n’arrivais pas à le capturer. Je voulais le manger, le garder dans ma poche, en faire un parfum à garder sur moi : impossible.

La violette est fragile, et ce n’est sûrement pas du haut de mes 8 ans que j’allais réussir à l’apprivoiser. C’est presque surprenant qu’une si petite chose, si fragilement posée sur sa tige ait une odeur aussi puissante.

Aujourd’hui, des dizaines d’années plus tard, j’y arrive beaucoup mieux ! J’ai élaboré ma technique de sirop et je vous la donne aujourd’hui.

En soi, ce n’est pas si compliqué à faire.

Le plus difficile, c’est de trouver des violettes qui sentent bon et réussir à préserver cette odeur le plus longtemps possible.

Premier petit conseil : vous ne pourrez pas avoir un sirop plein de goût si, au départ, les violettes que vous cueillez n’ont pas d’odeur.

Pourquoi certaines violettes sentent si bon et d’autres rien du tout ?

Là où j’habite aujourd’hui, presque toutes les violettes que je cueille ne sentent… rien.

La raison est simple : il y a presque 100 espèces de violettes mais seulement 4 qui sont vraiment parfumées. Pour les reconnaître (en plus de votre nez bien sûr) fiez-vous à ces petits signes :

• La violette odorante (Viola odorata) a son pétiole recouvert de poils et dirigé vers le bas. Ses fleurs sont d’un bleu/violet très profond.

• La violette admirable (Viola mirabilis), a des fleurs de couleur plus pâle, presque lilas. Les feuilles sont moins arrondies que celles de la violette odorante.

• La violette des collines (Viola collina) se reconnaît par ses feuilles très ovales, en forme de cœur un peu étroit à la base.

• La violette blanche (Viola alba) ne vous posera pas de problèmes d’identification, ses fleurs sont blanches ! 🙂  Son parfum est léger, mais bien présent.

Pas si facile de « capter » ce parfum de la violette

Même s’il est fort à l’odorat, le parfum de la violette a tendance à se perdre au goût.

Alors pour faire mon sirop, je n’emploie pas la même technique qu’avec toutes les autres plantes (acacia, rose, lavande, pin…) : je ne mets pas d’eau très chaude sur les fleurs, pour ne pas abîmer leur parfum délicat. 

Je vous conseille ceci :

1.    Faites macérer 3 à 4 grosses poignées de fleurs dans l’équivalent d’un demi-litre d’eau, à froid, avec un couvercle, pendant 12h. N’hésitez pas à être généreux sur la quantité, le goût de la fleur est subtil et il vaut mieux en mettre beaucoup. J’ai déjà vu des herboristes mettre un saladier entier de fleurs pour fabriquer à peine deux petits pots de gelée de violette…

2.    Avant de le mettre au frais pour le laisser reposer, ajoutez un peu de jus de citron au mélange, puis froissez légèrement vos fleurs du bout des doigts. Ça les aide à libérer leur parfum dans l’eau de trempage.

3.    Laissez tremper environ 12 h à couvert, dans un endroit frais.

4.    Filtrez votre mélange, en le faisant passer à travers un chiffon propre, posé sur une passoire.

Il devrait avoir une jolie couleur violette ; comme le mien.

5.    Pesez la quantité de jus que vous avez, et mettez exactement le même poids de sucre.

6.    Ajoutez le sucre à votre sirop, puis faites chauffer doucement le mélange. Quand il commence à bouillir, laissez-le sur le feu encore 8 minutes.

7.    Dès que vous le retirez du feu, mettez-le dans une bouteille en verre et fermez la bouteille hermétiquement.

8.    La couleur deviendra un peu moins violette en refroidissant, pas d’inquiétude c’est normal, le goût reste intact.

Le sirop de violette, c’est super frais dans de l’eau, ou alors juste avec un yaourt nature, ou une glace vanille. Et ça se conserve jusqu’à 2 mois au frigo !

À très vite,

Mathilde Combes