Vous avez tous déjà vu un miel comme ça :

Bien liquide, doré et fluide : aussi facile à verser que du ketchup.

Et c’est vrai, dans nos têtes le miel est forcément bien « coulant ». C’est comme ça qu’on le montre dans les publicités, comme ça qu’on se l’imagine au sortir de la ruche…

Et pourtant… c’est loin d’être le meilleur, je vous assure.

Ils ont transformé notre miel en caramel

Si ce miel se verse bien, et s’étale à la perfection, c’est d’abord parce qu’on l’a pasteurisé en usine :

  • Il est plus facile à extraire des alvéoles ainsi
  • Il se conserve plus longtemps à l’identique (pas de cristaux, plus d’enzymes, plus de « vie » : il ne risque pas de changer de texture avec le temps)
  • En le chauffant, on « unifie » les textures de miels provenant d’endroits différents : ils fondent tous, et se mélangent mieux.

Ça permet de récupérer toutes les « chutes » de miel des 4 coins du monde et d’en faire quelque chose !
Mais vous vous doutez bien qu’après cuisson… Il ne reste plus rien à part du sucre dans votre miel. On dépasse les 38°C où vivent encore les enzymes et les bonnes bactéries.

L’industrie a réussi à transformer un nectar vivant… en vulgaire caramel 🙂

Regardez l’étiquette, vous ne serez pas déçus :

Si vous parvenez à trouver un miel en bouteille qui vient d’une seule destination… Appelez-moi, parce que ça ne m’est jamais arrivé 🙂

Tous ces miels « mélangés » proviennent en général de 2 destinations principales :

  • L’Amérique latine (Chilli, Paraguay, Argentine, Pérou…)
  • La Chine

Le problème… C’est que ces pays n’ont pas les mêmes normes agro-alimentaires que nous.

Miel toutes fleurs et tout est permis

Bien sûr, ces miels sont beaucoup moins chers que les nôtres.

Pour 500g, vous vous en tirez à 3 ou 4 euros, contre en moyenne 10 ou 15 euros pour un miel français.
Alors beaucoup d’industriels français ne se sont pas embêtés : ils ont directement passé commande au géant chinois.

Et… on a retrouvé presque 20% de miels frelatés dans les rayons de nos supermarchés, pendant une vague de contrôles à l’échelle nationale1.

S’ils sont moins chers, c’est aussi parce qu’il y a tout et n’importe quoi dedans. 

Concrètement, il y avait écrit miel sur l’étiquette, mais dès qu’on étudie leur composition en laboratoire… On trouve tout un tas de petits ingrédients mystères fort sympathiques :

  • Du sirop de glucose (pour l’onctuosité et le sucre)
  • Des déchets de pollen (pour la couleur et un minimum de goût)
  • Du sucre, tout bêtement (la betterave est quand même moins chère que le nectar)
  • Des arômes caramel
  • Des colorants orange et jaune…

Miam.

Pas étonnant qu’un pot coûte 2 euros 90 ! C’est littéralement du sucre fondu, un peu aromatisé 🙂

Si vous devez choisir : la cristallisation est un bon signe

Conclusion : non, le miel liquide n’est pas toujours le meilleur (loin de là).

C’est Édith, mon apicultrice qui m’a montré ça : avec le temps, à l’état naturel tous les miels cristallisent.

Son pot de miel de châtaignier bien cristallisé

C’est bon signe !

–    Ça veut dire que le miel n’a pas été chauffé, qu’il a gardé ses micro-organismes intacts

–    Ça veut dire qu’il contient encore quelques résidus de la ruche (pollen, cire) qui sont aussi très bons pour nous

–    Ça veut dire qu’il a été entreposé dans de bonnes conditions (au frais et à l’ombre), sinon il se serait liquéfié.

Certaines espèces ont tendance à naturellement plus cristalliser, vous avez 90% de les trouver déjà cristallisés quand vous les achetez (parce qu’elles contiennent plus de glucose et moins de fructose) :

  • Le tilleul
  • Le colza
  • La bruyère…
Miel de tilleul bien cristallisé

Et d’autres, à l’inverse, contiennent plus de fructose naturellement, et auront beaucoup plus de mal à cristalliser, vous les trouverez sûrement sous forme liquide, ça ne veut pas dire qu’ils sont de mauvaise qualité :

  • L’acacia
  • Le sapin
  • Le châtaignier
Une cuillère de miel d’acacia naturellement fluide

Elle m’a donné trois critères pour repérer un « bon miel »

La super apicultrice que j’ai rencontrée la semaine dernière m’a donné trois critères pour reconnaître un bon miel, devant ses ruches, avec ses abeilles qui bourdonnaient tout autour !

Avec le temps, on finit par les repérer 🙂

Ça fait littéralement 20 ans qu’elle a des ruches, qu’elle utilise leurs produits pour soigner son entourage, et qu’elle utilise des miels en tout genre : elle est pleine de bons conseils !

Regardez :

   1.    La provenance et le type de fleur : prenez-en un de votre pays, ou même de votre région si vous pouvez, il sera toujours meilleur. Attention : si vous êtes en montagne, il y a peu de chances que vous arriviez à avoir autre chose qu’un miel toutes fleurs. Méfiez-vous des apiculteurs locaux qui vous vendent des miels de fleurs qui ne se trouvent pas dans un rayon de 50 km (de la lavande en bourgogne, par exemple, ou du mimosa en Bretagne…) Ça paraît bête, mais c’est un bon moyen de s’assurer que le miel vient bien d’à côté.

   2.    Le prix : en dessous de 10 euros les 500 g, vous pouvez être quasiment sûrs que votre miel est un mauvais miel.

   3.    Le choix proposé par un apiculteur : méfiez-vous de ceux qui proposent trop de sortes de miels, c’est probablement qu’il en importe une partie. Chaque miel monospécifique (lavande, bruyère, tilleul, tournesol) demande un travail fou ! Et c’est fort peu probable qu’une petite exploitation arrive à en extraire plus de 5 ou 6 différents.

Elle m’a aussi montré comment lire une étiquette pour repérer les arnaques ! Je vous montrerai tout ça.

Quel miel pour les os ? Pour la peau ?

Ça, je ne l’avais vu nulle part sur internet : pour chaque zone du corps, il y a un miel qui est plus efficace que les autres.

Edith m’a tout expliqué.

C’est passionnant ! Les abeilles utilisent différemment chaque espèce, et on pourrait faire exactement pareil :

  • La lavande, par exemple, répare les peaux abîmées par les brûlures (du soleil ou du feu), et son miel potentialise tous ses effets. Laissez-le poser une fois par jour et la brûlure disparaît plus vite.
  • Le tilleul a un effet tout particulier sur le système nerveux, et marche particulièrement bien sur les enfants qui ont des problèmes d’endormissement, ou les adultes qui ont des problèmes de réveils nocturnes.
  • …, etc

Pour chaque fleur, il y a une indication.

J’ai enregistré tout ce qu’elle m’a dit, et je compte bien vous le montrer !!

J’ai l’impression de découvrir tout un monde, et je trouve qu’il mériterait qu’on s’y penche.

Tout ce que j’ai appris auprès d’une apicultrice

Dans une semaine, j’espère avoir le temps de vous présenter un condensé de tout ce que j’ai appris auprès de cette apicultrice.

  • Les techniques pour utiliser son miel comme pansement, comme cataplasme, comme « purificateur » ;
  • Les fonctions de chaque miel de fleur sur notre corps ;
  • Comment utiliser le pollen des fleurs pour renforcer notre organisme
  • La recette de la crème de jour des abeilles, et qui sent divinement bon (le miel) : elle protège la peau sans les cochonneries de celles de pharmacies ;
  • Le mélange que beaucoup d’apiculteurs ont dans leur poche dès qu’ils sentent le rhume venir…

Après tout, les abeilles vivent uniquement des produits de la ruche : pour se nourrir, pour se défendre des envahisseurs, pour guérir les plaies, désinfecter les alvéoles… Il n’y a pas de raison que ces petits trésors ne soient pas aussi efficaces sur nous 🙂

  • Le miel
  • Le pollen
  • La gelée royale
  • La propolis…
Les abeilles d’Édith, avec les pattes chargées de pollen

Je vous dis à samedi, pour une nouvelle découverte au pays de la ruche, je n’ai pas fini de découvrir des recettes !!

À très vite,

Mathilde Combes

Source :

1. ​​​​​​​https://www.youtube.com/watch?v=yoe3G8yPnqo&ab_channel=France3Bourgogne-Franche-Comt%C3%A9