carre nature

Dimanche dernier j’ai fait une petite expérience. Essayez : à un endroit au hasard dans la nature, dans un parterre, près du mur de votre maison, en lisière de forêt, arrêtez-vous une minute et regardez à vos pieds. 

Sur la photo ci-dessus, voici ce qui poussait sous les miens dimanche vers 16h30, dans un petit carré d’herbe d’à peine 15 cm.

Les 5 plantes qu’on voit sur la photo sont toutes comestibles ou médicinales.

Elles sont courantes, résistent à beaucoup de climats et ne sont pas difficiles quant au type de sol.

Il vous faut juste des bons conseils pour les reconnaître, puis pour les utiliser !

Alors voilà quelques mots pour apprendre à les connaître et à les reconnaître quand vous les croiserez sur votre chemin 🙂

1.    La sauge des prés

Tout à gauche de ma photo, avec ses longues tiges de fleurs bleu nuit ou violettes en forme de croissant, c’est elle, Salvia pratensis. Difficile de la rater !

plante violette

Ses feuilles ont une couleur un peu bleutée et une texture rugueuse. Passez le doigt dessus, vous sentirez de fines aspérités.

plante

Elle a les mêmes propriétés que la sauge cultivée, mais avec une action plus douce (les principes actifs sont moins concentrés) [1] :

–    Antispasmodique et digestive (en après repas, c’est idéal, plus doux que la menthe, par exemple)
–    Sédative
–    Régulatrice hormonale (elle régularise les cycles menstruels des femmes, apaise les syndromes prémenstruels, fait diminuer les bouffées de chaleur)

Je la mets dans mes tisanes, plutôt le soir, avant de dormir.

Je vous conseille de l’utiliser séchée parce que crue elle contient (comme l’absinthe) une petite quantité de thuyone, qui peut avoir à forte dose des effets euphorisants ou désinhibants. Non pas que ce soit désagréable… Mais en trop grande quantité, ces substances seraient nocives pour le cerveau.

2.    Le pissenlit et la porcelle

Je vous ai déjà parlé de notre fameux pissenlit (Taraxacum officinale), dépuratif du foie et du système digestif dans son ensemble. C’était un peu la « salade » des campagnes de nos grands-parents. C’est une de mes plantes sauvages préférées vous le
savez, parce qu’on peut la consommer de la racine jusqu’aux fleurs, en passant par les feuilles et même les boutons.

Aujourd’hui, j’aimerais vous apprendre à le différencier d’une plante très proche, comestible aussi, mais qui n’a pas les mêmes propriétés : la porcelle enracinée (Hypochaeris radicata)

pissenlit
A gauche une rosace de pissenlit, à droite une rosace de porcelle 

La porcelle se mange, elle est moins amère que le pissenlit, plus « croquante » sous la dent.

Par contre, elle a beaucoup moins (voire pas du tout) d’intérêt médicinal.

Voilà 3 techniques pour différencier les deux plantes :

–    La porcelle a des poils, le pissenlit non

Si vous regardez attentivement la rosace de porcelle, vous verrez que ses feuilles sont beaucoup plus luisantes que celles du pissenlit et recouvertes de petits poils drus, plutôt rêches. C’est de là que vient son nom pas très appétissant ; la surface de ces feuilles ressemblerait vaguement à une peau de porcelet.

–    Les feuilles de la porcelle ont une forme ronde, celles du pissenlit une forme de dent

En haut feuille de pissenlit, en bas feuille de porcelle 

Le petit surnom du pissenlit, c’est « dent de lion » : parce que ses feuilles sont effilées, très découpées, en forme de canines. La feuille de porcelle, à l’inverse, se découpe de façon beaucoup plus ronde, moins « aigüe ».

–    La porcelle pousse au ras du sol, le pissenlit se dresse vers le ciel 

Les rosaces de porcelle poussent toujours très « plaquées » au sol, presque comme si ses feuilles étaient collées à la terre. Pour le pissenlit, c’est l’inverse, ses feuilles remontent légèrement et se tendent vers le soleil.

En bref, si vous voulez vous faire une petite salade, la porcelle ira très bien (même si son goût est moins prononcé que celui du pissenlit), par contre si vous voulez nettoyer votre organisme, elle ne pourra rien pour vous, c’est le pissenlit qu’il vous faut.

3.    L’achillée

porcelle

L’achillée (Achilea millefolium) pousse vraiment partout. S’il y a une que vous allez croiser, c’est elle. Les tiges ne sont pas encore en fleur en ce moment (sauf si vous habitez dans une région très chaude). Elle pousse le plus souvent au ras du sol, en tapis, grâce à leurs nombreux rhizomes qui s’étendent très rapidement.

Pour la reconnaître fiez-vous aux dizaines de petites dentelures qu’il y a sur chacune de ses feuilles (son nom vient de là : « mille feuilles » pour les milles petites lanières courtes qu’on voit à l’œil nu sur chaque feuille).

Ses fleurs sont blanches, en ombelle, et ont une odeur camphrée puissante.

Ses propriétés médicinales sont surtout utiles aux femmes [2] :

–    Elle régule le cycle menstruel, grâce aux phytostérols qu’on retrouve dans ses feuilles et qui ont un effet progestatif.

–    Elle aide aussi à stopper les saignements trop abondants, qui arrivent souvent pendant la période de pré-ménopause.

–    Elle est aussi très cicatrisante, on peut en frotter quelques feuilles écrasées sur une plaies pour aider la peau à se réparer plus vite. C’est de là que vient son nom, d’Achille, qui se servait de ses feuilles pour soigner ses soldats blessés pendant la guerre de Troie.

En cuisine, je la prépare beaucoup en omelette (je les rajoute crues après les avoir rincées), ou en salade (pour les jeunes pousses). Elles ont un petit goût poivré et camphré qui relève bien le goût plutôt neutre de l’œuf.

Vous pouvez même la cuisiner en « tartare », à étaler sur des tartines (je vous donnerai la recette dans une prochaine lettre).

tartines

4.    Le plantain lancéolé

Le plantain est la plante la plus robuste de la liste, il aime les sols accidentés, il survit très bien à la sécheresse et à la chaleur, on le retrouve souvent en bords de route, d’ailleurs, évitez de le cueillir tout près des voitures, si vous voulez le manger.

plantain

Vous le reconnaîtrez à ses longues feuilles ligneuses, il y a entre 5 et 7 nervures verticales et parallèles sur chaque feuille, on les voit bien sur la photo.

Ces nervures sont toujours « en relief » sur le dessous de la feuille, passez le doigt dessus, vous pourrez les sentir.

Moi je le mange en petits beignets frits (j’ai écrit un article dessus, cliquez ici si vous voulez voir ma recette). Je trouve ça délicieux, ça a comme un petit goût de sardine. Je ne vous recommande pas de le manger cru par contre, c’est plutôt coriace en bouche.

Le plantain a énormément de propriétés médicinales :

–    Pour la peau : c’est LA plante anti-eczéma, si on la fait macérer dans un peu d’huile végétale, elle calme les démangeaisons et freine l’apparition de plaques (je vous en reparle très bientôt). Cette macération huileuse « marche » aussi sur l’acné, les piqûres, les plaies… Chez moi, on frotte même les piqûres de guêpe avec une feuille écrasée, simplement roulée entre les doigts : ça calme immédiatement la sensation de brûlure.

–    Pour le système digestif : ses fleurs et ses feuilles contiennent des mucilages, des petites substance qui gonflent au contact de l’eau. C’est ce qui rend ses graines laxatives : elles aident à traiter les constipations occasionnelles.  Cette substance a aussi un effet apaisant pour les muqueuses irritées (intestins, estomac…).

–    Contre les allergies saisonnières : on considère le plantain comme un antihistaminique naturel. Pour résumer ça simplement, il a un effet anti-inflammatoire qui limite les réaction allergiques comme les réactions au pollen, le rhume des foins… En tisane, pendant tout le printemps, il permet de prévenir les yeux gonflés, le nez qui coule à cause du pollen, etc.

Pissenlit, porcelle, achillée, plantain, sauge des prés…

5 plantes sur un petit carré de 10 centimètres, dans un coin de jardin 🙂

Ça vaut la peine d’ouvrir l’œil ne trouvez-vous pas ?

Belles cueillettes,

A très vite,

Mathilde Combes