Chère lectrice, cher lecteur,
En me promenant pas loin de chez moi, en ce début d’année 2023, j’ai vu des pissenlits en fleurs. D’habitude, j’adore les pissenlits. J’aime les voir colorer des champs entiers avec leurs fleurs jaunes qui ressemblent à des petits soleils. Mais là, au mois de janvier, j’étais dubitative.
Ce n’est pas normal que les pissenlits soient en fleurs maintenant. Ce n’est pas normal non plus que les arbres commencent à bourgeonner.

Il fait beaucoup trop chaud pour la saison… à tel point que les végétaux se comportent comme si on était au début du printemps.

Il faut dire que les températures ont atteint des records au Nouvel An : 15,6°C aux Pays-Bas, plus de 17°C à Berlin, 20°C à Biarritz [1]… Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais j’ai passé une partie de la soirée dehors, sans veste.

Pas de fruits cet été ?

Si les arbres fruitiers « reprennent vie » trop tôt dans l’année à cause des températures douces et printanières, cela peut avoir des conséquences catastrophiques.

S’ils commencent leur cycle de reproduction en janvier (c’est à ce moment que les bourgeons apparaissent), le gel des mois de février et de mars peut les détruire.

Sans bourgeons, il n’y a pas de fleurs, ni de fruits…

Des solutions de secours existent pour protéger les bourgeons du gel, mais elles demandent parfois beaucoup de temps, de moyens et n’offrent aucune garantie de survie pour les bourgeons.

Peut-être vous souvenez-vous des images de l’année passée, dans lesquelles on voyait des feux partout au milieu des vergers pour empêcher l’air de stagner et de givrer ? 

Verger de Westhoffen, 2021
Crédit photo : FREDERICK FLORIN ©

Les arboriculteurs brûlent du fioul dans l’espoir de sauver une partie de leurs récoltes. C’est une solution coûteuse et peu écologique.

Quelques experts s’interrogent : est-ce que les températures printanières de décembre (voire de janvier), suivies d’épisodes de froid plus tardifs dans l’année vont devenir la norme à l’avenir ?

Un dérèglement permanent ?

Ce dérèglement climatique (causé en grande partie par les gaz à effet de serre) a de nombreuses répercussions qui affectent, entre autres, les cycles naturels, nos habitats et nos conditions météorologiques.

Dans les années à venir, le niveau des océans va augmenter avec la fonte des glaces, des glaciers etc. et les phénomènes déjà existants vont s’amplifier : les zones arides ou humides le deviendront encore plus, les typhons et les ouragans seront plus violents et plus fréquents, etc.

Je sais que ces informations peuvent faire peur, en particulier lorsque l’on a l’impression de ne pas être en mesure de changer les choses.

Heureusement, certains individus prennent le taureau par les cornes et créent des petits miracles, parfois même visibles du ciel, qui ne peuvent qu’améliorer les choses. 😊

Des initiatives qui (re-)donnent le sourire

La science mène parfois à des trouvailles simples et réjouissantes telles que le cocon pour arbre : il permet à un jeune arbre de prendre racines même dans de conditions extrêmes.

Ce système a été inventé par un Néerlandais, Pieter Hoff. Cet horticulteur, décédé en 2021 à l’âge de 67 ans, avait pour objectif de reboiser 2 milliards d’hectares de forêt.

Le cocon est adapté aux sols arides sans irrigation. Le jeune arbre est à l’intérieur d’une sorte de sac biodégradable, lui-même entouré d’une espèce de bouée pleine d’eau. De cette façon, pas besoin ni d’entretien, ni d’arrosage.

Crédit photo : Groasis Waterboxx

Le premier sac se décompose et fournit des nutriments à l’arbre, tandis que la « bouée » qui contient l’eau est enterrée. Cette dernière fournit suffisamment d’eau au jeune arbre durant la première phase de sa croissance. Une fois que ses racines mesurent environ 3 mètres, elles sont capables seules de puiser l’eau nécessaire à la survie de l’arbre.

Comme le cocon est en partie sous terre et à l’abri du soleil, l’eau ne s’évapore pas.

Le système de plantation « en cocon » représente environ 90% d’eau d’économisé par rapport à une irrigation goutte à goutte et coûte environ 90% moins cher (pour une plantation d’un hectare).

Il a été utilisé au Mexique, au Maroc, en Arabie Saoudite et en Espagne, entre autres.

Sur les 57 000 arbres plantés dans une zone très aride en Espagne, vers Valladolid, environ 90% ont survécu ! Alors que sans cocon, seulement 20 % des arbres plantés survivent (selon les chiffres de l’Université de Valladolid [2]).

Au Mexique, une zone particulièrement aride a aussi investi dans ces cocons pour planter 2250 arbres. Après 4 mois, 99% des arbres sont encore debout.

Juste en dessous, vous pouvez voir les résultats obtenus au Maroc. La première image vous montre les arbres au moment où ils ont été plantés, en 2010. Et la deuxième, vous les montre 4 ans plus tard.

Crédit photo : Groasis

C’est incroyable, non ? 😊

Des changements visibles du ciel !

De nombreux projets de reforestation ont eu lieu aux quatre coins du monde. Certains financés et menés par les États, d’autres par des particuliers.

Sur ces images, vous voyez l’action qu’a menée un couple au Brésil. Ils étaient persuadés de pouvoir faire une différence, même à eux deux. Et ils avaient raison, regardez le résultat :

Crédit photo : Sebastião Salgado

Je trouve cette image parlante.

C’est le même endroit à 18 ans d’intervalle. Durant plusieurs années, ils ont planté des arbres, chaque jour. Ils en ont pris soin et les ont entretenus et arrosés, jusqu’à ce qu’ils survivent seuls. Ce faisant, ils ont amélioré leurs propres conditions de vie ainsi que celles de la faune et de la flore autour d’eux.

À partir du moment où le terrain est reboisé, la dynamique change totalement. L’eau est mieux captée par le sol, les espèces qui ont besoin d’ombre peuvent se développer, le risque de glissement de terrain est diminué, l’air est filtré et purifié et la vie reprend ses droits, entre autres choses.

Quand on croit ne pas être capable de changer les choses à son échelle, ce genre d’action nous emplit d’inspiration et d’espoir !

Est-ce que vous menez ou faites partie d’un de ces projets vous-mêmes ? Quels sont vos gestes pour votre environnement, vos petits « riens » qui changent tout ?  

N’hésitez pas à m’en faire part !

À très vite,

Mathilde Combes

Sources:

[1] TF1 Info, « Météo, des records de chaleur battus dans plusieurs pays d’Europe pour le Nouvel An », https://www.tf1info.fr/meteo/previsions-meteo-france-des-records-de-chaleur-battus-dans-plusieurs-pays-d-europe-pour-le-nouvel-an-2243662.html

[2] Les Echos Planète, « Groasis fait pousser des arbres dans le désert », https://planete.lesechos.fr/solutions/groasis-fait-pousser-des-arbres-dans-le-desert-9770/