pâturin annuel

Le week-end dernier, j’ai aidé une amie, Isabelle, à se construire son premier carré potager.

Sa première réaction m’a fait sourire : elle s’est précipitée sur les mauvaises herbes pour TOUTES les arracher.

Comme si les espèces sauvages étaient les ennemies du sol. Hop, un petit coup de poignet, elle essayait d’enlever les racines sans faire de quartier.

mauvaises herbes jardin

Or les « mauvaises herbes » ne sont pas des parasites de la terre mais les meilleurs témoins de son état. « Il faut observer ces petites tiges avant de les arracher Isabelle ! », lui ai-je dit aussi gentiment que possible 🙂

A chaque type de sol sa « mauvaise herbe » d’ailleurs. Elles font le diagnostic à notre place : beaucoup d’engrais, pas assez d’eau, trop d’argile, sol trop dense…

Servez-vous d’elles comme de thermomètres, hygromètres, densimètres, miniatures : pour faire un petit bilan de la terre que vous avez sous les pieds. 

Alors arrachons-les, d’accord, mais pas avant d’avoir écouté ce qu’elles avaient à nous dire!

Aucune plante ne pousse par hasard

En effet pour qu’une espèce donnée puisse s’épanouir à un endroit il faut une composition du sol particulière, certaines bactéries, un type d’ensoleillement, une certaine densité de la terre…

Exemple : si une touffe de plantain lancéolé pousse juste à côté de vos plants de tomates, ce n’est pas seulement parce qu’une graine a atterri là par chance.

C’est aussi parce que toutes les conditions sont réunies pour que cette graine-là puisse germer, grandir, se développer…  Alors qu’il y a des dizaines, des centaines d’autres graines qui ont été déposées ailleurs par le vent et qui ne germeront jamais !

Les « ennemies » d’Isabelle pouvaient donc nous faire signe :

–    D’une carence du sol
–    D’un excès de tel ou tel nutriment
–    Du développement d’une bactérie, d’un champignon, d’un micro-organisme…
–    Mais aussi d’un équilibre idéal

« Ennemie » n°1 : Le chiendent = terre trop retournée

Le chiendent (Elytrigia repens) c’est LA mauvaise herbe la plus pénible à éradiquer, celle qui repousse à tout bout de champ dès qu’un petit morceau de ses rhizomes touche la terre. Ça grandit vite, en plus !

chiendent

Ça ressemble à des touffes d’herbes, les rhizomes sont blanc-jaune, assez coriaces.

Dans le langage du sol, une tige de chiendent qui émerge est synonyme de terre trop travaillée, fatiguée par des bêchages ou des dérangements de sa structure trop fréquents. 

Solution : laissez votre terre un peu plus respirer, ne plantez rien dessus pendant quelques temps.

« Ennemi » n°2 : Le rumex = terre asphyxiée

Avec ses grandes feuilles en forme de cœur et sa tige rougeâtre, le rumex (Rumex obtusifolius) nous alarme sur un sol saturé en eau. Le mot technique c’est hydromorphique, mais je vous l’épargne 🙂. Il peut être également trop « nourri » aux matières organiques.

A la longue ça finit par asphyxier la microflore du sol et des racines : les oligo-éléments et le phosphore ne circulent plus.

Tous ceux qui ont déjà essayé d’arracher un pied de ce rumex s’en souviennent : avec ses longues racines pivotantes, solidement ancrées dans le sol, pas évident de le déloger ! 🙂

rumex

S’il s’invite dans votre jardin, vous avez probablement mis trop de matière organique animale (fumier) sur votre terre, ou beaucoup trop arrosé celle-ci.

Solution : arrosez moins et épandez moins de fumier sur votre sol !

Et si vous êtes dans une zone humide, surélevez votre jardin (je vous reparle de cette méthode bientôt).

« Ennemi » n°3 : Le pâturin annuel = manque de couverture végétale

Cette petite herbacée qui pousse en touffes denses n’attire pas beaucoup l’attention. Mais le pâturin (Poa annua L.) est un vrai signal d’un sol à nu, qui n’arrive pas à retenir les nutriments. 

pâturin annuel

Il pousse sur les sols plutôt sableux, qui ont du mal à retenir l’eau et les nutriments. Mais aussi dans les gazons trop piétinés et pas assez arrosés.

Solution ? Couvrez votre terre avec un bon paillage (feuilles mortes, herbe coupée, copeaux de bois, BRF…).

« Ennemie » n°4 : Mouron blanc = l’équilibre parfait

Avec ses délicates petites fleurs blanches, Stelleria media est un peu le saint graal du jardinier. Regardez bien votre jardin… si mouron blanc il y a, laissez votre terre exactement comme elle est !

mouron blanc

Votre jardin a tout ce dont il a besoin, vous dit le mouron blanc : de l’air, des nitrates, du carbone, une bonne vie bactérienne… Votre sol est en parfaite santé 🙂  C’est une des rares plantes, voire la seule, qui indique cet équilibre.

Je pourrais vous faire une liste longue comme le bras, mais pour cette fois j’en reste là.

Très belle journée à vous et à très vite,

Mathilde Combes