Voilà ce qu’on s’imagine quand on s’achète une barquette de girolles fraîches, sur un étal :

Qu’elles viennent des bois du pays, et que les cueilleurs ont passé leur week-end à les ramasser parmi les branchages et les feuilles mortes, avant de les mettre sur leur stand.

Mais regardez l’étiquette de plus près…

Girolles, pleurotes, cèpes : aujourd’hui ils viennent d’Europe l’Est

Vous avez en fait très peu de chances de tomber sur un champignon du coin dans votre supermarché. 

Il a certes été cueilli dans un bois, mais probablement à des kilomètres et des kilomètres de chez vous, il y a des jours.

Tous ces champignons sauvages sont devenus difficiles à trouver dans les forêts françaises, suisses ou belges et coûtent plus cher à l’achat, alors l’industrie agro-alimentaire préfère les importer.

–    Pour ce qui est des girolles, vous tomberez souvent sur des champignons de …. Lituanie où presque un tiers du territoire est constitué de forêts.

Trouvées pendant mes courses d’hier, des chanterelles lituaniennes

–    Pour ce qui est des cèpes :  Espagne, s’ils sont frais, ou Chine (s’ils sont séchés)

–    Pour ce qui est des morilles : les Balkans ou le Canada

On est loin du petit panier romantique dans le bois d’à côté 🙂

Pas obligés d’indiquer l’origine

Et le problème, c’est que sur le marché (à la différence des magasins)… L’étiquetage n’est pas systématique.

Les revendeurs ne sont pas absolument obligés d’indiquer l’origine de leurs champignons [1]. Alors il y a de fortes chances pour que ceux que vous ramenez à la maison aient déjà passé de longues journées en entrepôt, à des centaines de kilomètres de chez vous…

Pieds de moutons, pieds bleus, girolles, cèpes… Au bout de 5 minutes d’interrogatoire, le vendeur en bas de chez moi a fini par m’avouer qu’il les importait presque tous.

En soi, ça n’est pas un problème. Il y a de belles forêts et de bons champignons partout dans le monde : le tout est de savoir sur quel type de sol ils ont poussé, pour éviter : les polluants, les métaux lourds, les substances épandues à proximité…

Et quand ça vient d’aussi loin, difficile de savoir avec certitude… (les normes, la qualité des sols et les pratiques de cueillette varient beaucoup d’une région à l’autre, d’un pays à l’autre)

Un champignon = une éponge

Si je dis ça, c’est parce que le champignon fait partie des organismes vivants qui absorbent le plus efficacement les substances toxiques de leur environnement. On parle de capacités d’absorption 10 à 50 fois supérieures à n’importe quel céréale, arbuste ou légume [2]… à cause de leur mycélium qui s’enfonce bien plus profondément dans le sol que n’importe quelle racine.

C’est grâce à ce petit réseau souterrain que le champignon capte les toxiques

Métaux lourds, polluants chimiques, radioactivité : tout ça est capté grâce au mycélium, puis emmagasiné dans leur chair et y reste durablement.

Résultat : on retrouve encore des champignons chargés de radioactivité, 35 ans après Tchernobyl !

Alors je vous conseillerais d’éviter d’en acheter à bas prix, si vous n’en connaissez pas exactement la provenance (certains pays d’Europe de l’Est sont plus touchés par les contaminants, et des champignons sont régulièrement retirés du marché à cause de leur non-conformité).

Moi, pour tous les champignons sauvages, je préfère les ramasser plutôt que de les acheter.

Pour être sûrs d’où ils viennent, ramassez-les vous-mêmes (aux bons endroits)

Le mieux, pour les cèpes, les girolles, les coulemelles… c’est quand même de les cueillir vous-mêmes, si vous avez la chance d’avoir accès à une forêt.

– Ils sont plus frais que dans n’importe quel supermarché (la vraie girolle des bois a une petite odeur d’abricot que je n’ai jamais sentie dans les magasins)
– Ils ne sont pas abimés par le transport, le stockage, etc.
– Vous savez où ils ont poussé, sur un bon sol de forêt près de chez vous

Si vous partez en forêt, voilà mes conseils :

–    Eloignez-vous des routes, le plus possible (les taux de cadmium des champignons ramassés près des grands axes est 10 fois supérieur à la moyenne )
–    Frottez ou rincez rapidement vos cueillettes quand vous rentrez chez vous
–    Vérifiez qu’il n’y a pas de site industriel à proximité (garage, station d’épuration, blanchisserie…), c’est quand même mieux 🙂

Belles cueillettes !

A très vite,

Mathilde Combes

PS : Et vous, quels champignons avez-vous trouvés cet automne ? (chez moi, les cèpes se font rares, je n’en ai pas trouvé un seul 😞). Dites-le moi en commentaire ici !