
En ce début novembre, si vous êtes passé devant un supermarché, une jardinerie ou un cimetière, vous n’avez pas pu les rater.
Ils sont là, par centaines.
Des boules parfaites, jaunes, blanches, violettes : les chrysanthèmes.

En France, cette fleur a une réputation un peu triste.
C’est la fleur de la Toussaint, la fleur du souvenir, celle qu’on achète une fois par an pour honorer nos défunts.
Elle semble liée au deuil depuis la nuit des temps.
Pourtant, ça n’a pas toujours été le cas…
Un symbole de vie et de bonheur
Saviez-vous que cette fleur que nous associons au deuil est, dans la plupart des autres cultures, un symbole de vie et de bonheur ?
En Asie, et en particulier au Japon, le chrysanthème (Kiku) est la fleur la plus sacrée de toutes.
C’est le symbole du soleil, de la longévité et de la vie éternelle.
Le sceau impérial du Japon ? Un chrysanthème à 16 pétales.

Le trône de l’Empereur ? On l’appelle le « Trône du Chrysanthème ».
La plus haute distinction du pays ? « L’Ordre suprême du Chrysanthème » 🙃

Source : Wikipédia page Ordre du Chrysanthème
Aux États-Unis ou au Royaume-Uni, c’est une fleur joyeuse qui célèbre l’automne.
On l’offre en bouquet, on l’utilise pour décorer les jardins et les maisons pour les fêtes.

Alors, comment se fait-il que chez nous, mais aussi en Italie, en Espagne ou en Pologne, cette fleur soit devenue si triste et autant liée à nos cimetières ?
L’héritage d’un 11 novembre
En réalité, cette tradition est très récente.
Elle ne vient pas d’une légende ancienne, mais directement de la Grande Guerre.
Avant 1914, pour la Toussaint, les gens mettaient plutôt des bougies, des pensées ou des immortelles sur les tombes.
Le véritable tournant s’est produit le 11 novembre 1919.
Pour le premier anniversaire de l’Armistice, la France voulait rendre un hommage national à ses millions de « poilus » morts au front.
À l’initiative de Georges Clemenceau, le Président Raymond Poincaré a lancé un appel officiel pour que tous les Français fleurissent ce jour-là les tombes des soldats.
Une question de calendrier (et de météo !)
L’appel est lancé. Mais un problème très concret se pose.
Nous sommes le 11 novembre.
Il fait froid, le premier gel menace.
Quelle fleur peut-on trouver en abondance dans toute la France, qui soit magnifique, économique, et surtout, qui résiste au froid de novembre ?
Le chrysanthème !
Ce jour-là, la France a été couverte de ces fleurs, non pas comme un symbole de mort, mais parce que c’était la seule fleur disponible et digne de cet hommage national.
De l’Armistice à nos cimetières
Le symbole était né.
L’année suivante, en 1920, le Soldat Inconnu a été inhumé sous l’Arc de Triomphe, lui aussi couvert de chrysanthèmes.
L’image est scellée.
Et comme l’Armistice (11 novembre) est si proche de la Toussaint (1er novembre), la fleur choisie pour le deuil militaire est devenue, par glissement, la fleur de tout le mois du souvenir.
Connaissiez-vous cette histoire ?
Vous pouvez me laisser un commentaire ci-dessous.
La prochaine fois que vous en verrez un, vous saurez qu’il porte en lui deux histoires : celle de la vie éternelle et celle de notre mémoire 🤍
A très vite,
Mathilde Combes
PS : Le nom « Chrysanthème » vient du grec Chrysos (Or) et Anthos (Fleur). Son nom signifie littéralement « Fleur d’Or ». Et en Chine, d’où elle vient, on la boit en tisane depuis 1000 ans… pour ses vertus sur la longévité !
