Pour la première fois depuis un bout de temps, je suis retournée au cinéma.
Je suis allée voir le deuxième volet d’Avatar, cette série de films réalisés par le talentueux James Cameron.
Pour ceux qui ne connaissent pas, l’histoire se déroule sur une planète pleine de vie, à la végétation luminescente et fantastique, habitée par de grands êtres de couleur bleue, les Na’vis.
Ces derniers vivent dans l’harmonie et le respect avec tout ce qui les entoure. Chaque habitant de cette planète, animal ou végétal, est relié aux autres au sein de l’esprit de la nature. Dans cet univers, la vie est en toute chose… à tel point que la nature est perçue comme un personnage à part entière.
Cette mise en scène d’une nature presque divine aux êtres interconnectés me fascine. Dans les faits, la manière dont la nature est décrite dans le film n’est pas très éloignée de la réalité.
Un gigantesque réseau d’informations caché sous nos pieds
Dans les forêts, les champignons se relient les uns aux autres grâce à leurs racines, de petits filaments appelés hyphes. Ils sont parfois si fins qu’on ne peut pas les voir à l’œil nu.
Les hyphes se déploient sur des kilomètres et forment des réseaux souterrains si conséquents qu’ils ont été surnommés Wood Wide Web – “la toile des forêts” en anglais – .
Dans une seule cuillère à café de terre forestière, il peut y avoir plusieurs kilomètres d’hyphes !
Le vrai nom de ce réseau est le mycélium1.
Grâce au mycélium, les champignons communiquent entre eux, mais ce n’est pas tout. Des études ont révélé qu’ils sont connectés avec près de 80% des plantes des sous-bois.
L’expérience de Suzanne Simard
Suzanne Simard est une chercheuse américaine qui a bouleversé notre compréhension de la forêt.
Tout est parti d’une observation : elle a remarqué que les arbres plantés par les industries forestières après une coupe à blanc (type de coupe qui consiste à abattre tous les arbres d’une zone) développent plus difficilement des racines que les autres arbres qui poussent naturellement.
Pour elle, l’explication se trouve sous nos pieds : les arbres qui ont commencé leur vie en pépinière ont plus de mal à se connecter au réseau souterrain de racines et c’est pourquoi leurs racines se développent moins. En plus, ils ne bénéficient pas de l’aide des autres végétaux.
Cette chercheuse a écrit que :
« Les arbres coopèrent, prennent des décisions, apprennent, se souviennent. Des qualités qu’on associe généralement à la sagesse et à l’intelligence. »
Les végétaux partagent leurs ressources : la preuve du protocole Simard
Le mycélium est si vaste qu’il recouvre toutes les particules de sol ainsi que tous les pores.
Il a la capacité d’extraire les nutriments et l’eau enfouis dans le sol pour ensuite les transmettre aux arbres qui, en échange, leur fournissent les sucres qu’ils produisent grâce à la photosynthèse (ce dont les champignons ne sont pas capables).
Suzanne Simard a mené une expérience pour prouver qu’il y avait des échanges entre végétaux au niveau des racines. Sur une petite parcelle, elle a planté des bouleaux blancs et des sapins Douglas.
Elle a recouvert un spécimen de chaque espèce avec une sorte de cloche, comme un couvercle hermétique en plastique. Puis, elle a injecté du CO2 marqué au carbone 14 dans l’air de la cloche au-dessus du bouleau et du CO2 marqué au carbone 13 dans l’air des sapins.
En procédant à leur photosynthèse habituelle, les arbres créent des sucres qui contiennent :
- du carbone 14, pour le bouleau,
- du carbone 13, pour le sapin.
En prélevant un échantillon de chaque arbre, elle a prouvé que les deux différents types de carbone se trouvaient dans les deux arbres.
Les végétaux sont solidaires
Suzanne Simard a poussé l’expérience plus loin : elle a fait de l’ombre au sapin pour qu’il ne puisse plus faire de la photosynthèse. De cette manière, il n’arrive plus à produire sa propre nourriture.
Avec ce test, la chercheuse a observé que plus le sapin peinait à faire de la photosynthèse, plus le bouleau lui envoyait des nutriments et du carbone.
Elle a également remarqué que les arbres les plus âgés et les plus grands de la forêt protègent les plus jeunes ! Suzanne les appelle les arbres-mères car ils nourrissent et veillent sur les plus jeunes arbres.
Si ces arbres-mères sont coupés, un nombre colossal de connexions disparaît avec eux, puisque ces arbres sont hyper connectés. Ils ont tant de connexions que leur abattage met en péril la survie de toute une zone.
Autre découverte déroutante : les sapins reconnaissent leurs descendants ! Ils établissent des liens plus forts avec leur « progéniture » qu’avec les autres arbres : ils leur envoient beaucoup plus de carbone pour soutenir leur croissance.
Pour l’instant, pas de changement à l’horizon
Avec ses nombreuses expériences et recherches, Suzanne Simard est arrivée une conclusion évidente pour elle : en conservant des îlots de forêt et en coupant des arbres par-ci, par-là, au lieu de faire des coupes à blanc, les forêts se remettent beaucoup plus vite2.
Elle a bien conscience que notre société a besoin de bois… mais pour elle, nous devons impérativement repenser la manière dont nous gérons nos forêts.
Le premier pays d’Europe à avoir interdit les coupes à blanc est la Suisse (depuis 1902). Puis, la Slovénie lui a emboîté le pas en 1948. En Lettonie, la réglementation dépend du type de sol : 5 hectares maximum sur sol sec et pas plus de 50 mètres sur des sol tourbeux, par exemple3.
Néanmoins, la pratique des coupes à blanc reste très répandue et Suzanne Simard ainsi que de nombreuses associations continuent de sensibiliser les différents acteurs aux enjeux de la gestion forestière.
Pour véhiculer son message, elle a notamment écrit un livre, À la recherche de l’arbre-mère, paru en mars 2022, qui a été traduit en français. (C’est le prochain livre sur ma liste 🙂)
La connexion entre les végétaux me fascine depuis toujours : c’est comme un monde mystérieux, invisible à mes yeux.
La prochaine fois que vous vous promenez en forêt, prenez le temps de vous représenter cet autre univers qui s’étend juste-là, sous vos pieds.
À très vite,
Mathilde Combes
Sources :
[1] France Culture, « Timidité des arbres : comment communiquent les plantes ? », https://www.radiofrance.fr/franceculture/timidite-des-arbres-comment-communiquent-les-plantes-9317714
Fascinant Merci
Bonjour,
Avant de lire votre article j’avais lu un excellent livre qui explique exactement la vie des arbres et qui est aussi passionnant. Il s’agit de « La vie secrète des arbres » de Peter wohlleben.
Il serait temps que notre société s’ouvre à la splendeur de la nature.
Cordialement
C’est fascinant , le lien vital de tous les êtres vivants dans la nature.
C’est pour quoi j’aime Avatar car c’est ce que les anciens disaient quand il n’y avait pas toutes les technologies, pas que ce soit mauvais.
La nature permettait de prévoir, le temps, de se nourrir, se soigner….. ils l’ont vraiment compris et vécu.
Merci à vous pour cette piqûre de rappel, donnons et prenons soin de la nature, elle nous le rendra 🙏🏾
Bonjour et merci pour cette lettre qui complète mes connaissances sur la communication des arbres…
Merci beaucoup Madame Mathilde j’aime beaucoup lire vos messages c’est toujours intéressant,j’adore votre façon de penser et d’agir,si vous êtes marié,votre mari est un homme très chanceux 😊
Continuer votre beau travail
Merci
Merci pour cette explication sur la connexion entre les plantes et les arbres.
Puisse ces expériences faire avancer nos mentalités et nos législateurs.
Merci pour toute cette richesse d informations, il y a également une série découverte il y a peu par moi, sur un la vie de la flore une pure merveille que je recommande, le super pouvoir des plantes. Ne pas hésiter la vie de l infiniment petit.
Bonjour cette vie dans les forets est passionnante,merci de nous en avoir partagé quelques lignes.
Bonne continuation.
Cordialement.
Super interessant!! Merci
merci beaucoup pour ce commentaire
« L’essentiel est invisible pour les yeux » on veut ignorer ce qui vit sous la terre et sous la mer.
Merci de nous apprendre à imaginer tout ce monde ,sa complexité,son intelligence,et sa fragilité .
Merci Mathilde pour ce très bel article sur les arbres. Je viens de voir Avatar et je me suis faite les mêmes réflexions concernant nos liens (ou manque des liens) avec la nature. Dorénavant, j’ouvrirai grand mes sens en me promenant dans la forêt.
MAGNIFIQUE.
Il faut que le monde apprenne la nature.en toute conscience et réagisse au plus vite. Merci beaucoup.
Bonjour , ce que vous venez de développer est passionnant . Merci !
Merci
La création végétal et animal a bien été orchestrée et pensée. Nous ne sommes rien à côté, nous l’humain.
Magnifique article, un régal <3 je suis passionnée comme vous par cette foultitude de vie souterraine des forêts. Merci à vous d'avoir pris le temps de rédiger cet article édifiant pour nous le partager 🙂 Une telle bouffée d'oxygène ça fait du bien de bon matin 😉
Bonjour Mathilde!
J’ai beaucoup aimé vos explications et vous remercie du partage. Je vais penser à tout ce petit monde en me baladant dans la pinède en Espagne.
Bonne journée et continuez de nous régaler par vos récits!
Difficile de comprendre que la nature ait fait des merveilles avec la faune et la flore alors qu’il y a tant de ratés de pourris et de tordus dans l’espèce « humaine » Où sont les politiciens qui participent aux ‘tops mondiaux pour l’écologie’: ils ‘parlent’ et imposent des règles aux ‘petits’ citoyens mais sont absents pour défendre les causes majeures où de gros gains financiers sont impliqués.
Merci infiniment pour ce courrier. Il faut retrouver le lien avec la Terre-Mère. C’est ce que font les Esséniens : voir la » Ronde des archanges « …
Merci pour ce beau message.
Magnifique article.Merci!
j’apprécie énormément votre lettre, je l’attends et la lis tous les jours comme celle de votre collègue POSITIVR.
Les arbres me sont indispensables et j’imagine toujours cette interconnexion de l’univers. Connaissez-vous la nouvelle de Dino Buzatti Douce Nuit?
excellent ! Est-ce que les cellules d’un corps vivant échangent entre elles sur des modèles voisins ? Exemple : les neurones aux multiples interconnexions ?
Bonjour Mathilde, ça fait un moment que je reçois vos lettres d’infos et je m’étais abonnée à la lettre cueuillir, se soigner et manger mais certaines circonstances ont fait que je n’ai pas pu continuer .
J’ai adoré votre article, merci pour toutes ces belles histoires, à bientôt de vous lire
Agnès, Naturellement votre
Mycelium / pas hyphes
Ces études et recherches confirment ce qui est connu depuis toujours : l’homme à l’esprit dans le cosmos et dirige ses membres vers le terre, tandis que le végétal à l’esprit dans la terre et dirige ses membres vers le cosmos.
Merci! c’est passionnant….
Bonjour et bonne année Mme Combes
Vous faites un travail formidable, surtout continuez, car il manque beaucoup de gens comme vous!
La majorité des êtres Humains, n’ont toujours pas compris, Que ce n’est pas notre Terre que nous mal traitons, et je me permets de dire celà car j’ai pris conscience de bien des choses sur la nature et ses bienfaits vitales, et me suis entièrement remis en question et à la respecter !
Oui ce n’est pas Notre TERRE que nous mal traitons, mais bien Celle que nous Empruntant à nos Déscendances, si toutefois l’Égoisme Déstructeur de l’Homme ne ne Change Pas!!
N’hésitez pas à vous servir de mes mots si vous éstimez qu’ils peuvent aider à quelques messages utiles.
Dieu vous garde Mme Combes.
Réspectueusement
Nicolas Ziebel
Merci de ce bulletin. Une précision : Suzanne Simard est une chercheuse canadienne, qui enseigne à l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver. Mais elle a obtenu son doctorat d’une université américaine, l’Oregon State University.
J’ai beaucoup aimée votre nouvelle et avatar, je me disais justement que cette planète et les vies qui y existent ont sûrement du vrai, pourquoi pas ! Alors jai beaucoup aimée, merci .
Bonjour,
Étant enfant, je pleurais lorsque on abattait un arbre, dans ma petite tête, on assassinait nos amis.
j ai 61 ans et on n écoute toujours pas notre terre…
Bien cordialement Yannick
Merci pour tout Mme Matilde c’est toujours très intéressant de vous lire. Je vous souhaite une bonne année 2023.
Cette année, je dois préparé mon sol (qui est argileux) pour mon futur verger et des îlots de forêt comme coupe vent.
Je vais tenir compte de tous vos bon conseils. Je me demandais si il serais bon que je plante des tournesols géants pour défaire les grosses mottes d’argile ?
Chantal Granby Québec Canada
C’est bien de transmettre ce que vous savez de notre Mère Nature ..Continuez ainsi ,J’espère que ça ouvrira d autres voies .a des personnes qui n ont comme distraction et vue de l’avenir que le monde de l’informatique et de l intelligence artificielle ..je m intéressé beaucoup aux arbres et à notre Mère Nature .
Bon tri