Chère lectrice, cher lecteur,

C’est une des premières plantes sauvages que j’ai mangées.

Je devais avoir 5 ans quand je me suis piqué les doigts sur une feuille d’ortie pour la première fois.

Et depuis, je continue à en cueillir et à en cuisiner presque tous les ans, jusqu’en hiver.

Le rituel de la soupe à l’ortie

Chez moi, la préparation de la soupe commençait dès le matin.

D’abord, on enfilait chacun notre paire de gants. (Malgré ça, les poils microscopiques des orties arrivaient à atteindre nos poignets, piquaient à travers le t-shirt, le manteau, les chaussettes…)

Je vous conseille de faire pareil, les orties n’ont pas de pitié pour les peaux nues.

Ensuite on s’équipait d’un grand panier en osier, bien large.

J’avais toujours l’impression qu’on allait avoir à manger pour deux semaines avec les montagnes d’orties qu’on ramassait, mais c’est comme les épinards : elles « fondent » à la cuisson. Alors voyez grand pour le contenant, et n’ayez pas peur de cueillir BEAUCOUP de feuilles.

On enfilait ensuite des bottes assez hautes pour pouvoir marcher dans les massifs broussailleux, puis on partait cueillir.

Nos 3 trucs de cueillette

1.    Une fois trouvé « un coin à orties », ne le lâchez pas : les orties poussent tous les ans aux mêmes endroits.

Elles aiment les endroits habités, pas loin des activités des hommes et les sols ferreux, riches en matières organiques.  Cherchez-les dans tous les espaces délaissés :  dans les talus, les friches, à l’orée des sous-bois, derrière les maisons.
Chez moi, aujourd’hui encore, elles poussent exactement dans le même fossé qu’il y a des années.

2.    Cueillez les « bonnes » feuilles, les plus tendres et les moins amères.

Coupez seulement la « tête » la plus jeune, tout en haut de la tige, avec un petit mouvement sec du poignet.
Ces 4 feuilles, 2 grandes et 2 petites, sont plus claires que les autres : ce sont elles qui donnent à la soupe tout son goût.
A cette saison, il n’y aura pas de fleurs, mais évitez absolument les plants en fleur, leurs feuilles seront très amères. Ne coupez pas toute la tige, elle est très fibreuse (surtout en ce moment).

3.    N’attendez pas pour les cuisiner

L’ortie contient beaucoup de vitamine C, qui s’oxyde assez vite. Pour préserver ses vertus tonifiantes et tous ses minéraux, l’idéal est de la cueillir le matin même pour le midi, par exemple, et de la préparer juste après.

Ne faites pas bouillir vos feuilles

Voilà la recette que je trouve la meilleure.

Vous aurez besoin de ça :

–    Autant d’orties que vous pouvez en ramasser (il en faut un paquet, elles fondent très vite à la cuisson)
–    2 pommes de terre
–    1 oignon
–    2 gousses d’ail
–    Crème fraîche
–    Jus de citron

Faites d’abord revenir les oignons, les pommes de terre et l’ail dans une bonne quantité de beurre. Puis ajoutez de l’eau à hauteur et laissez frémir pendant une quinzaine de minutes ; quand votre couteau s’enfonce dans la chair de la pomme de terre sans problème, baissez le feu.

Seulement à ce moment-là, plongez toutes vos feuilles d’orties bien lavées dans votre bouillon et laissez-les frémir 2 minutes, avec le bouillon.
Comme ça, vous ne perdrez pas leur vitamines, et elles resteront bien vertes (vous verrez, ça change tout).

J’ajoute juste de la crème et le citron au dernier moment, puis je mixe et c’est prêt.

Très bien, mais ça n’est pas la saison ?

Là vous vous dites que ce n’est plus la saison.

Tous les sites que vous pourrez consulter vous diront qu’elles ne se mangent qu’au printemps… Et bien, je ne suis pas tout à fait du même avis.

Elle n’a pas le même goût qu’au printemps, c’est certain, ni la même texture, mais elle est toujours bonne 🙂!

Elle fait partie des dures à cuire qui peuvent supporter les basses températures sans sourciller.

J’ai même vu un pied complètement recouvert de givre et en pleine forme, le week-end dernier :

 

On peut les manger même à cette saison, je le fais chaque année !

La soupe a un goût moins prononcé, les feuilles se sont épaissies pour résister au froid. Mais en rajoutant une pomme de terre ou deux, c’est très bon.

D’ailleurs c’est précisément à cette saison que ses nutriments manquent le plus à nos organismes :

–    plein de vitamine C (6x plus que dans une orange),
–    du fer,
–    des feuilles parmi les plus chargées en protéines du règne végétal

Je me dis que ce n’est pas un hasard si elle montre le bout de ses feuilles au moment des grippes, des fatigues de fin d’année, des rhumes à répétition.

Juste là, sous nos yeux, la nature nous offre de quoi passer l’hiver !

Alors cueillons-en !

A très vite,

Mathilde Combes