Ne vous êtes-vous jamais fait la remarque, en observant des cerneaux de noix, que ça ressemble beaucoup à un cerveau ?

Cette ressemblance n’a pas échappé au médecin suisse du XVIe siècle, Paracelse. Pour lui, cette observation ne tient pas du hasard. Dans sa vision des choses, l’apparence des êtres et des végétaux est révélatrice de leurs usages ou de leurs fonctions.

Autrement dit, l’apparence est un indice qui permet à l’observateur de déduire l’utilité et les caractéristiques d’une plante.

 

Une théorie qui ne date pas d’hier

Bien que cette théorie ait été abandonnée et démentie depuis longtemps, elle reste intéressante et parfois surprenante par sa justesse.

Ainsi, si une fleur, un légume ou un fruit ressemble à l’un de nos organes, selon cette théorie, c’est que son rôle est de le soigner.

Cette idée, c’est surtout Paracelse qui a participé à sa renommée. Il l’a intitulée la théorie des signatures, et il en a rédigé les grands principes.

Elle est devenue très populaire au cours du XVIe siècle et a perduré jusqu’à la fin du siècle suivant grâce à des personnalités scientifiques de l’époque, telles que Giambattista della Porta ou Jakob Böhme[1].

En fait, cette théorie s’inspire de la notion de similitude qui était déjà évoquée dans l’Antiquité grecque par les médecins Dioscoride et Galien.

Dans le cas des noix, par exemple, il s’avère qu’elles sont effectivement bonnes pour notre activité cérébrale. Elles sont même étudiées dans le cadre de la maladie d’Alzheimer ou de la démence[2].

Les noix contiennent beaucoup d’alpha-linolénique, un acide gras oméga 3 qui permet d’assouplir les vaisseaux cardiovasculaires.

Elles sont aussi riches en vitamines E, B1 et B3, en minéraux, comme le zinc, le magnésium et le potassium… Tous ces éléments nourrissent le cerveau et lui permettent de fonctionner efficacement et avec clarté.

 

Des intuitions correctes

Sans qu’il ne dispose de moyens nécessaires pour vérifier ses intuitions, Paracelse a visé juste à de nombreuses reprises.

Par exemple, la pulmonaire officinale, doit son nom à ses feuilles tachetées de blanc qui ressemblent à des poumons. Cette plante, parfois appelée le coucou bleu, possède effectivement des propriétés expectorantes. Elle s’utilise en cas de toux ou de bronchite[3].

Il en va de même pour le raisin, dont les grappes évoquent les alvéoles. Aujourd’hui, nous savons que le raisin contient de nombreux antioxydants qui préviennent certaines maladies du poumon, et qui exercent également un effet sur l’asthme et la bronchite chronique[4].

Paracelse a aussi visé juste en ce qui concerne le bleuet, ou centaurée. Il qualifiait cette fleur de « céleste ». Pour lui, son apparence devait vouloir dire qu’elle prend soin des yeux.

Il avait raison : le bleuet possède bel et bien la capacité d’apaiser et de purifier les yeux fatigués, gonflés ou irrités[5].

Ou encore, une tomate coupée en deux ressemble à un cœur, avec ses deux cavités. Elle est ainsi censée le soigner.

Il s’avère que la tomate contient une grande quantité de lycopène, il s’agit d’un antioxydant qui protège nos cellules.

Alors il est vrai que cela ne protège pas spécifiquement le cœur, mais ça ne lui fait pas de mal.

La théorie des signatures fonctionne pour un grand nombre d’exemples. Bien sûr, il y a aussi des contre-exemples pour lesquels elle ne fonctionne pas du tout.

 

On ne tombe pas toujours juste…

Bien sûr, si cette théorie est tombée dans l’oubli, c’est qu’elle s’est heurtée à ses contradictions et ses limites.

Même si la théorie des signatures compte de nombreux exemples de plantes et de fruits qui agissent bel et bien sur l’organe auquel ils ressemblent, elle compte aussi des exemples qui ne fonctionnent pas du tout, comme la vipérine, Echium Vulgare.

Il s’agit d’une plante de la même famille que la bourrache, qui possède des fleurs fascinantes, d’abord roses, puis bleues. Les fleurs de vipérine, avec leurs deux lobes, font penser à une langue de serpent.

Son nom commun garde la trace de cette interprétation, on l’appelle parfois aussi l’herbe aux vipères.

Elle devait guérir les morsures de vipère, en théorie, mais ce n’est pas le cas.

Elle a néanmoins la réputation d’être apaisante et cicatrisante.

Un autre échec flagrant concerne le colchique, bien connu de nos jours à cause de sa toxicité. Il était autrefois utilisé pour faciliter les accouchements à cause de sa forme courbée qui rappelle un fœtus.

 

Des hasards ou des coups de génie ?

Un exemple qui restera sans doute le plus frappant est celui du saule blanc. En ce qui le concerne, la théorie des signatures ne se base non plus sur son apparence, mais sur le milieu dans lequel il pousse.

Le saule blanc, Salix alba, vit « les pieds dans l’eau ». Constatant ceci, Hippocrate s’est dit qu’il devait agir contre les maladies liées à l’excès d’humidité, comme les fièvres des marais.

Il s’avère que l’écorce du saule blanc contient une molécule que nous connaissons bien : il s’agit de l’acide salicylique, le principe actif de l’aspirine.

Les scientifiques, et plus particulièrement un Français du nom de Pierre Joseph Leroux, ne sont en mesure d’extraire l’acide salicylique de l’écorce de saule blanc qu’au XIXe siècle.

Pourtant, elle est prescrite depuis 400 ans avant l’ère chrétienne.

Alors simple hasard ? Intuition ? Magie ? Qui peut savoir…

Rester ouvert à l’idée qu’il y a effectivement des messages cachés à notre intention autour de nous permet au moins de faire vivre une part de magie et de mystère dans notre monde.

Et vous ? Quelle part gardez-vous pour la magie ?

À très vite,

Mathilde Combes

 

Sources :

[1] https://www.annuairevert.com/magazine/8-opinion/168-la-theorie-des-signatures

[2] https://www.tf1info.fr/sante/manger-une-poignee-de-noix-par-jour-boosterait-notre-memoire-et-lutterait-contre-alzheimer-selon-une-etude-2116560.html

[3] https://www.creapharma.ch/pulmonaire.ht

[4] https://www.psychologies.com/Bien-etre/Medecines-douces/Se-soigner-autrement/Articles-et-Dossiers/Theorie-des-signatures-soigner-chaque-organe-grace-a-un-aliment-qui-lui-ressemble

[5] https://www.aroma-zone.com/info/fiche-technique/hydrolat-bleuet-bio-aroma-zone