Il y a quelques jours je suis tombée sur ça :

“Venez voir par vous-mêmes le nouveau design “THE LINE” à Jeddah, du 1er au 14 août. Faites l’expérience d’un modèle architectural et de films d’informations sur la ville dans toute sa gloire”. 

C’est le nouveau projet de l’Arabie Saoudite, nommé « The Line ».

Un immeuble de 170 km de long et de 500 m de haut (plus haut que la Tour Eiffel), le tout entièrement recouvert de miroirs pour refléter le désert qui l’entoure.

« The line » doit accueillir 5 millions d’habitants et est censé rendre le pays neutre en carbone d’ici 2060…

– Eco-responsable. Zéro carbone. Energies et ressources en eau 100% renouvelables –

Beaucoup de promesses qui me semblent impossibles à tenir.

Cela me paraît d’autant moins réalisable que l’Arabie Saoudite n’a pas communiqué de données scientifiques.

Mais ce n’est pas le vrai sujet de ma lettre. 

Ce qui m’attriste le plus, c’est que personne ne parle du sort réservé aux oiseaux.

En 30 ans, 30% de la population des oiseaux a disparu1.

À commencer par ceux des villes.

La menace plane sur les oiseaux des villes

À l’image de « The Line », les surfaces vitrées des bâtiments sont un véritable danger pour eux.

À Paris, dans le quartier de la Défense, le problème est bien connu.

Les vitres reflètent le ciel et les oiseaux s’y dirigent aveuglément. Ils sont incapables de faire la différence !

Les lumières artificielles les privent également de leurs repères visuels comme la lune et les étoiles et les désorientent de leur migration.

Ils se heurtent alors de plein fouet aux surfaces lisses et transparentes.

Les sources de lumière artificielle sont très nombreuses : forages offshore, complexes industriels, axes routiers, etc.

Par exemple, les phares attirent les oiseaux qui se mettent à tourner autour jusqu’à l’épuisement.

Et en mer du Nord, de nombreux oiseaux migrateurs traversent la mer au milieu de la nuit attirés par les plateformes pétrolières. Ils se retrouvent alors coincés et meurent de faim et de froid 2.

Selon l’ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages), chaque année en France, l’éclairage artificiel entraînerait la mort de centaines de milliers d’oiseaux.

Mais ce n’est pas tout.

L’architecture de nos nouveaux bâtiments et les rénovations, lissent et comblent les cavités dans lesquelles les oiseaux ont l’habitude de nicher. Leurs ressources alimentaires diminuent (j’ai d’ailleurs rédigé un article sur la disparition des insectes que vous pouvez retrouver en cliquant ici) et la pollution causée par les activités industrielles et de transports impactent leur santé.

Et les bruits des villes (voitures, trains, métro, klaxons, les gens, etc) empêchent les oiseaux de se rencontrer pour se reproduire, les femelles n’entendant plus les champs des mâles.

Les oiseaux des villes ne sont pas les seuls victimes.

Les oiseaux des champs, eux aussi, disparaissent, et je trouve ça encore plus inquiétant.

Les oiseaux des champs, sont eux aussi en danger

Par rapport aux villes, on s’imagine que la campagne offre un habitat plus favorable, mais il n’en n’est rien.

Les oiseaux sont, là aussi, victimes de l’activité humaine.

À commencer par les éoliennes, les oiseaux sont soit :

  • percutés et tués par les pales des éoliennes,
  • projetés au sol par les mouvements d’air,
  • contraints de fuir  leur habitat, dérangés par le mouvement des pales et par leur bruit (qui peut couvrir les chants des mâles reproducteurs par exemple).

L’agriculture intensive est elle aussi en cause :

Avec l’emploi de pesticides et en particulier des néonicotinoïdes qui éliminent les insectes (leurs sources de nourriture), l’uniformisation des paysages qui appauvrit leurs habitats, l’utilisation de machines agricoles…

Sans oublier les effets du réchauffement climatique : les oiseaux doivent s’adapter et migrent de plus en plus vers le nord, là où les températures sont encore agréables.

Le constat est alarmant.

Selon la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), parmi 123 espèces :

  • 43 régressent. En milieu urbain, les populations ont chuté de presque 28%. Et en milieu agricole, les effectifs diminuent de 30%. C’est le cas de l’Alouette ou de la perdrix ;
  • 32 sont en expansion. C’est ce qu’on appelle les espèces ‘généralistes’ comme le pigeon, le geai des chênes, la mésange bleue, etc.

Ce n’est pas une bonne nouvelle.

Les espèces « généralistes » s’adaptent et prolifèrent au détriment des espèces dites « spécialistes ». Leur diminution signifie une perte de biodiversité et une uniformisation de la faune sauvage.

Pourquoi la disparition des oiseaux est un problème ?

Tout simplement parce qu’ils participent à l’équilibre de notre écosystème.

Vous voyez ce petit oiseau ?

Crédit : Le mag des animaux

C’est un passereau. Il se nourrit du pollen des fleurs qu’il transporte d’un point à un autre. Il participe à la pollinisation au même titre que les abeilles.

Celle-ci, c’est une sittelle torchepot, elle se nourrit d’insectes.

Crédit : Le mag des animaux

Elle permet de réguler la prolifération des insectes nuisibles comme les mouches, les moustiques, les fourmis, les chenilles, etc.

Les oiseaux charognards, comme les vautours, permettent de limiter la propagation des maladies en “nettoyant” les cadavres.

Ce sont quelques exemples qui montrent que chaque espèce d’oiseau a un rôle à jouer !

Mais alors, comment peut-on limiter notre impact ?

Plusieurs solutions sont envisagées. La première, et la plus logique, est de préserver leur habitat naturel.

En 2018, la LPO a déposé un recours devant le Conseil d’Etat pour faire appliquer une loi de protection de la biodiversité datant de 2010 4.

L’association a obtenu gain de cause et a permis :

  • de préserver les habitats naturels sans avoir besoin de prouver que des espèces protégées s’y développent ;
  • de s’opposer à toutes sortes de projets menaçant la biodiversité (sous condition de s’appuyer d’études scientifiques).

Et les voix s’élèvent à leur côté…

Certains spécialistes tentent même de démontrer l’efficacité des réserves naturelles et le besoin de fournir des aides financières pour repenser l’agriculture.

Et rien qu’en France, de nombreuses associations se créent :

  • La LPO, qui existe depuis 1912, a fondé son premier refuge en 1982. Depuis, 6 autres centres ont vu le jour en France.
  • A un niveau plus local, l’association Oiseaux Nature est devenue la première association de protection de la nature dans les Vosges.

Et il en existe plein d’autres …

Toutes ces initiatives me redonnent espoir et me donnent envie de m’impliquer moi aussi !

À mon tour d’aider les oiseaux !

Vous le savez déjà, j’ai laissé un bout de mon jardin en friche.

Ils pourront en profiter pour trouver de la nourriture et des endroits pour faire leur nid.

À mon niveau, je n’utilise pas de produits chimiques quand je jardine pour ne pas contaminer le sol et les plantes qui constituent leur habitat.

Pour ceux qui ont des baies vitrées, il existe aussi des stickers anti-collision. Il y en a sous toutes les formes, des très jolis qui se collent directement sur la vitre.

Et puis, pour le prochain hiver, j’ai décidé d’améliorer un peu leur habitat.

(C’est pendant les périodes de froid prolongé, de la mi-novembre et jusqu’à la fin mars, qu’ils ont le plus de difficulté à se nourrir).

J’ai déjà fait une liste : 

  • Un nichoir pour qu’ils repèrent les lieux et s’installent tranquillement pour le printemps ;
  • Des mangeoires avec un toit pour protéger la nourriture du vent et de la pluie ;
  • Des boules de graisses (sans filet pour ne pas que les oiseaux se coincent les pattes et soient pris au piège) et des graines ;
  • Une jolie gamelle remplie d’eau fraîche en hauteur.

Je vous donnerai des nouvelles de mes petites installations qui, je l’espère, leur plairont !

Je suis curieuse de savoir si vous avez des idées ou des astuces pour aider nos oiseaux.

N’hésitez pas à me les partager en commentaires, je me ferai un plaisir de les essayer 🙂

À très vite,

Mathilde Combes.

Sources :

1. https://idverde.fr/blog/que-faire-face-a-linquietante-disparition-des-oiseaux/

2. https://www.batiactu.com/edito/les-surfaces-vitrees-des-batiments-un-danger-pour–40876.php

3. https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/oiseaux-disparition-inquietante-30-oiseaux-communs-30-ans-france-70600/

4. https://www.oiseaupapillonjardin.fr/2018/08/protection-des-especes-et-de-leurs-habitats-vous-avez-la-parole.html