Quand je raconte à certaines personnes que je donne un petit nom à chacune de mes plantes, je passe parfois pour une originale.

Par exemple, celle-ci c’est Mélusine, ma langue de belle-mère. C’est la seule qui dort dans la même pièce que moi.

Celle-là, c’est Mona, ma fleur de lune.

Et j’en ai d’autres comme Roger, mon cactus ou Louise, ma Clivie Vermillon. C’est la plus belle lorsqu’elle est en fleurs ! Mais c’est aussi la plus capricieuse de mes plantes …

Alors imaginez la tête de ces mêmes personnes quand je leur dis qu’en plus de leur donner un prénom, je discute avec elles tous les jours …

Je n’oublie jamais de leur demander si elles ont passé une bonne journée !

À chaque fois que je rentre chez moi, je leur demande comment elles vont, si elles ont soif et je leur raconte ma journée. Lorsqu’une d’elle me fait des fleurs, je lui dis qu’elle est très belle. Je leur fais même un peu de vent de temps à autre pour leur rappeler l’extérieur.

Vous devez me trouver étrange, mais ce n’est pas si fou !

Des études ont démontré que les plantes émettent et perçoivent des sons.

Les plantes entendent

Plusieurs études ont été faites sur ce sujet.

Par exemple, un test a prouvé qu’en grandissant, les racines de maïs se tournent en direction du son s’il est émis de manière continue à des fréquences comprises entre 200 et 300 hertz.

Un autre démontre que les plantes poussent plus vite lorsqu’elles entendent le bourdonnement des abeilles ou le chant des oiseaux.

Ou encore, qu’une plante « entend » et prend conscience de la présence d’une autre plante à proximité d’elle, qu’elle la voit ou non, qu’elle soit en contact avec ou non.

Non seulement les plantes perçoivent les sons, mais en plus, elles y réagissent.

Certains sons vont la faire pousser plus vite tandis que d’autres vont l’aider à résister à la sécheresse ou au froid, par exemple.

Et ça, ce n’est pas moi qui le dis, c’est le professeur Olivier Gaillet, le directeur d’un laboratoire et d’une équipe de recherche de l’université de Cergy-Pontoise.

Il étudie l’impact de la musique sur les végétaux.

De la musique sur-mesure pour les petits pois

Pour ce faire, il s’intéresse à un cas très précis : améliorer la résistance des petits pois à la sécheresse grâce à la musique.

Sa théorie repose sur deux éléments :

  • Le premier est que les végétaux sont des organismes vivants capables de ressentir des vibrations et d’interagir avec leur environnement ;
  • Le second est que chaque fréquence correspond à une molécule. Autrement dit, chaque protéine à sa fréquence préférée qui la stimule.

En fait, ces découvertes ne datent pas d’hier…

Des travaux commencés dans les années 70’

Le premier à avoir entrepris des travaux sur le lien entre la musique et les plantes est le Dr. Joël Sternheimer, un physicien et musicien français. Il est à l’origine de la génodique : la science qui étudie les effets de la musique sur les organismes vivants. 

Son but est de stimuler la croissance de certaines protéines (c’est grâce à elles que les plantes grandissent, résistent au froid, à la sécheresse, etc.1) et de trouver la bonne fréquence (le bon son) pour les stimuler.

Comme chaque protéine a un rôle attitré, comme accélérer la croissance de la plante ou l’aider à résister à un champignon, par exemple, il faut cibler celle qui est responsable de l’action en question avec la bonne mélodie.

La protéodie : un concerto pour protéine

C’est dans cette optique que Joël Sternheimer a créé des suites de fréquences. Il a appelé sa musique pour protéines « protéodie2 ».

Chaque protéine est composée d’une série spécifique d’acides aminés. En gros, vous pouvez visualiser la protéine comme un collier dont chaque perle est un acide aminé.

En théorie, chaque acide aminé réagit à une fréquence précise. Donc, la bonne suite de fréquences devrait stimuler la création d’une protéine.

D’ailleurs, notre corps fonctionne de la même manière. Par exemple, une fréquence de 10 Hz stimule la création d’un acide aminé très apprécié : la sérotonine (une des 4 hormones du bonheur).

Actuellement, la société Genodics se base sur les travaux de ce chercheur pour expérimenter l’utilisation de la musique pour remplacer les pesticides dans des champs cultivés.

Elles n’aiment pas n’importe quelle musique !

Vous avez maintenant compris, ces chercheurs ne font pas écouter les Beatles ou du Bon Jovi à leurs plantes (les miennes y ont souvent droit, je l’admets), mais des ondes sonores faites sur-mesure en fonction de la protéine visée et de l’effet recherché.

Pourtant, vous avez peut-être déjà entendu qu’il faut jouer de la musique classique aux plantes ?

Et bien c’est vrai. Ce n’est pas aussi efficace qu’une protéodie, mais les végétaux réagissent de manière positive aux tonalités « pures » de la musique classique.

Sachant cela, ce n’est pas si farfelu de leur jouer un petit air de Vivaldi, non ? 😉

À l’inverse, elles n’apprécient pas du tout le heavy metal. Les effets de guitare utilisés, comme la distorsion, ne leurs plaisent pas.

Alors, si quelqu’un vous juge parce que vous aimez passer un morceau à vos plantes ou leur chuchoter des mots doux, vous saurez quoi leur répondre à présent !

Vous avez d’autres petites attentions pour vos plantes ?

Si oui, je serais curieuse de les connaître ! 🙂

À très vite,

Mathilde Combes

Sources :

1. Les plantes entendent-elles ?, Pierre Barthélémy, Journal le Monde, article du 13 juin 2012.

2. Connaissez-vous la protéodie ? Radiofrance, émission du 11 février 2020.